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Marché de l'art
Analyse

Afrique francophone, un marché de l'art contrasté

Du Maroc au Sénégal, de nombreux signaux témoignent d’une évolution positive, avec, toutefois, des disparités importantes.

Alexandre Crochet
5 février 2024
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La galerie Cécile Fakhoury à Abidjan. Courtesy de la galerie Cécile Fakhoury

La galerie Cécile Fakhoury à Abidjan. Courtesy de la galerie Cécile Fakhoury

Cette année, la Foire 1-54 1* réunit un nombre inédit d’exposants en investissant un deuxième lieu, Dada. Sur les 27 enseignes, 14 viennent d’Afrique et, parmi elles, 8 du Maroc, mais aucune de Tunisie – pays qui compte pourtant entre autres les galeries A.GORGI, Selma Feriani, Elmarsa Gallery, Musk and Amber, Central Tunis, Le Violon Bleu ou même La Boîte… Hors Maghreb, la M CONCEPT Gallery, à Dakar (Sénégal), est la seule représentante du reste de l’Afrique francophone… Ce constat nous offre-t-il un résumé de l’état actuel de son marché et de ses disparités ?

Dynamisme de la scène marocaine

Toujours est-il que c’est bien à Marrakech qu’a lieu l’unique Foire d’art contemporain de ces régions francophones. C’est également au Maroc – si proche de la France – que de nouveaux espaces sont créés, tels, tout récemment, African Arty, à Casablanca et, cette fois pendant la Foire, Loft Art Gallery, à Marrakech. « Cette ouverture à Marrakech [après un premier espace à Casablanca] témoigne à la fois d’une scène artistique plus dynamique au Maroc, mais s’inscrit aussi dans une volonté de la galerie de s’ouvrir au maximum à l’international tout en restant ancrée au Maroc, Marrakech étant aujourd’hui une ville-monde. Une majorité de nos collectionneurs internationaux y passe au moins une fois par an », confie Yasmine Berrada, fondatrice de la galerie. « La scène artistique marocaine moderne, à travers l’École de Casablanca, tout comme la scène contemporaine, à travers de jeunes artistes émergents talentueux, a le vent en poupe. L’intérêt des collectionneurs étrangers particuliers ou institutionnels ne cesse de progresser. On le voit clairement sur la structure de notre clientèle. C’est incroyable le bond que le marché a fait dans ce sens ces dix dernières années », indique-t-elle.

Au-delà de ces visiteurs ou résidents internationaux, il semblerait qu’une audience plus locale soit en train de se mettre en place peu à peu. « Sur la scène artistique marocaine, le phénomène nouveau que nous observons est que l’art entre de plus en plus dans les ménages. Beaucoup de jeunes gens débutent des collections privées sans prétention et se prennent au jeu très vite. L’art est l’objet de discussion de salon, les jeunes fréquentent davantage les expositions, les vernissages, avec une connaissance et un intérêt réel pour les artistes, l’évolution de leur travail, etc. Ces collectionneurs sont très importants à suivre et à accompagner. C’est par eux que l’art devient plus accessible et moins réservé à une élite. Les jeunes se sentent aujourd’hui les bienvenus dans une galerie d’art », explique Yasmine Berrada.

Sénégal, Côte d'Ivoire et Bénin

Plus au sud, loin du Maroc et de sa stabilité politique, la scène artistique se développe, mais reste exposée aux incertitudes et aux aléas de l’actualité, souffrant ainsi des rapports complexes avec la France. Il y a sept ans, le spécialiste en art contemporain africain Christophe Person a créé à Ouagadougou (Burkina Faso), la Biennale internationale de sculpture BISO : « Nous avons tenu la 3e édition en octobre 2023 dans un pays en guerre. Un off s’est mis en place autour de la Biennale. Compte tenu des relations tendues avec la France actuellement, nous avons eu moins de visiteurs internationaux, mais un grand engouement local ».

Loin du Maroc et de sa stabilité politique, la scène artistique se développe, mais reste exposée aux incertitudes et aux aléas de l’actualité, souffrant ainsi des rapports complexes avec la France.

Préfiguration de la Loft Art Gallery à Marrakech. Courtesy de la Loft Art Gallery

Le paysage est aussi plus contrasté entre les différents pays francophones, et notamment entre le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin. « Abidjan a un profil plus “commercial”, tandis que Dakar offre plus de lieux créatifs », résume Cécile Fakhoury. C’est à Abidjan que la galeriste – implantée depuis également à Dakar et à Paris – a inauguré en 2012 un espace qui reste, dit-elle, « la maison mère ». Le Sénégal « est ancré dans la culture avec une scène importante fédérée autour des artistes. De multiples sites ont ouvert, pas forcément commerciaux, proposant des expositions d’art. La Biennale de Dakar porte aussi cette scène, et draine beaucoup de monde ! De nombreux boards de musées et d’institutions, de fondations y viennent », souligne la galeriste. Et d’ajouter : « Même entre les biennales, l’intérêt pour cette scène reste fort, avec la mise en place d’un parcours, et également la présence du musée des Civilisations noires qui joue aussi un rôle. » Autre atout : une certaine accessibilité. « Bien que les questions politiques se soient compliquées ces derniers mois, le Sénégal n’est pas connu pour ses frasques. » Cécile Fakhoury constate que, si le marché de l’art n’y est « pas énorme », il se développe néanmoins avec « une augmentation de jeunes collectionneurs, mais aussi d’amateurs déjà collectionneurs qui se professionnalisent ».

En Côte d’Ivoire, il manque encore « un certain appui institutionnel pour engager le pays dans l’art contemporain, estime Cécile Fakhoury. Rien n’est simple. Des maillons comme des musées, ou des institutions font défaut pour montrer et mettre en valeur les artistes. » À Abidjan, « plaque tournante de l’Afrique de l’Ouest », où « des jeunes commencent à voyager, à acheter, rentrent et se lancent », elle observe «  de nombreux signaux positifs ». Comme La Nuit des galeries, déjà en place et qui a eu lieu le 19 janvier 2024, de midi à minuit. Elle pointe aussi le rôle crucial des artistes eux-mêmes : « Certains créateurs ivoiriens ont choisi de revenir au pays, d’y avoir un atelier, tout en gardant un pied ailleurs. Ils en étaient partis, car ils ne pouvaient pas vivre ici de leur travail. La Côte d’Ivoire fait à nouveau partie de leur univers ! » Reste à encourager fiscalement les collections d’entreprises, alors que, dans le secteur des banques ou des assurances, des collections se montent, les œuvres d’art sont par ailleurs toujours très taxées à l’importation.

Mais le pays qui suscite actuellement un intérêt croissant, c’est le Bénin. Autour du passé et de l’histoire de l’art béninois, des projets se profilent – dont une partie touche l’art contemporain – afin d’en faire une destination du monde de l’art. Avec cette fois le soutien de l’État, qui semble en avoir compris la portée.

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1* 1-54 Contemporary African Art Fair Marrakech, 8-11 février 2024, La Mamounia et DaDa, Marrakech 40040, Maroc.

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