Face à l’enjeu planétaire de la préservation de la nature, les artistes sont souvent aux avant-postes tant au niveau de leurs actions et pratiques que des prises de conscience que permettent leurs œuvres. Depuis quinze ans, l’association COAL agit par exemple au rapprochement entre l’art et l’écologie. Du 24 avril au 2 juin, elle organisera à la Gaîté Lyrique, à Paris, une exposition conçue par Lauranne Germond, cofondatrice et directrice de COAL, et Sara Dufour, curatrice et directrice des programmes de l’association, pour célébrer cet anniversaire. Parmi les artistes réunis figureront par exemple Angelika Markul, Art Orienté Objet, Alex Cecchetti, Erik Samakh, Laurent Tixador, Éléonore Saintagnan ou Sara Favriau…
L’intérêt pour la nature n’est évidemment pas récent et traverse toute l’histoire de l’art. Parfois, les peintres ont même pris prétexte d’un sujet plus classique pour transformer la scène en paysage, à l’exemple du Saint Georges et le dragon en forêt d’Albrecht Altdorfer conservé à la Alte Pinakothek à Munich, le combat se déroulant au cœur d’une végétation totalement envahissante. S’opposant justement à une quelconque iconographie qui ne serait qu’un alibi, Théodore Rousseau (1812-1867) va représenter la nature et le paysage tout au long de sa carrière. Le Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, permet de se replonger dans l’œuvre de ce paysagiste essentiel du XIXe siècle en proposant sa première rétrospective à Paris depuis 1967 (du 5 mars au 7 juillet 2024). Particulièrement attaché à la forêt de Fontainebleau qu’il ne cesse de peindre, l’artiste s’oppose tout autant à l’abattage des arbres au profit de l’industrie que pour aménager des chemins dans un contexte de développement du tourisme. Comme le souligne Annick Lemoine, directrice du musée et co-commissaire (avec Servane Dargnies-de Vitry) de l’exposition, « Théodore Rousseau sera à l’origine de la première réserve naturelle au monde, bien avant les parcs nationaux américains comme Yellowstone ». En effet, à son initiative naît en 1853 une première réserve naturelle dans la forêt de Fontainebleau, prenant le nom de « série artistique », qui sera officialisée et étendue en 1861. Pour les commissaires, Rousseau est ainsi à l’origine de l’émergence en Occident d’une conscience écologique. Au nom de l’art, évidemment.