Dans la nuit de samedi à dimanche derniers (20 au 21 avril), le Musée royal de Mariemont, en Belgique, a été victime du vol d’un de ses chefs-d’œuvre, une jarre à vin impériale chinoise datant de la dynastie Ming (XVIe siècle). Reconnue comme « Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles », c’est l’unique pièce qui a été dérobée.
D’après les caméras de surveillance, trois individus, manifestement bien informés, sont entrés dans le musée par effraction, se sont ensuite rendus dans la salle d’Asie orientale, ont brisé la vitrine et ont emporté l’œuvre. Il s’agit plus que probablement d’un vol commandité. Si les alarmes se sont bien déclenchées, l’opération n’ayant pris que quelques minutes, la police est arrivée trop tard pour intervenir. L’enquête est en cours et les services d’Interpol ont été prévenus.
Chef-d’œuvre des ateliers impériaux de Jingdezhen en Chine du Sud, cette jarre à vin est remarquable par son décor aquatique. Elle fait partie des toutes premières porcelaines polychromes de grande taille produites là-bas. Elle constitue également l’une des plus belles réalisations dues à une innovation marquante de l’époque Ming : la technique décorative des cinq couleurs, appelée « wucai ».
Destinée au service du vin lors des banquets de la cour impériale, cette jarre, extrêmement rare en Europe, a été achetée en 1912 par Raoul Warocqué (1870-1917). Personnalité politique belge considérée comme un libéral progressiste, homme d’affaires dans le secteur des charbonnages, il était aussi collectionneur. À sa mort, il lègue sa propriété à l’État belge ; elle devient le domaine de Mariemont, où sera édifié le musée du même nom qui abrite désormais ses collections essentiellement consacrées à l’art antique, à l’Extrême Orient, la porcelaine de Tournai et à la bibliophilie.