Du design américain chez Piasa
Le design américain se résume souvent pour les Européens aux productions de la firme Knoll et aux créations de Charles et Ray Eames. Portés par un marché solide aux États-Unis, les pièces des designers américains ont peu l’occasion de franchir l’Atlantique pour être présentées aux collectionneurs français. Piasa est l’une des seules maisons européennes à proposer, depuis un peu plus de dix ans, des ventes thématiques qui leur sont consacrées. La vacation du mercredi 15 mai 2024 donne une bonne idée de la richesse et de la diversité du design made in USA. Comment ne pas penser à la série Mad Men tant le fauteuil de Paul McCobb en noyer (est. 3 000-4 000 euros) ou le canapé aux lignes épurées de Terrence Harold Robsjohn-Gibbings (est. 10 000-15 000 euros) pourraient aisément prendre place dans le bureau de Don Drapper ? La vente fait aussi la part belle aux créations de l’ébéniste d’origine japonaise George Nakashima, avec notamment une table basse réalisée sur commande en 1963 qui unit la sensualité extrême-orientale et le rationalisme américain (est. 70 000-90 000 euros).
American Design, mercredi 15 mai 2024, Piasa, 118, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, www.piasa.fr
Une création iconique de Charlotte Perriand chez De Baecque
Peu d’œuvres peuvent se prévaloir d’évoquer instantanément la période au cours de laquelle elles ont été imaginées. La bibliothèquedelaMaison de Tunisie réalisée par l’architecte et designer Charlotte Perriand pour l’une des 40 chambres d’étudiants de ce bâtiment de la Cité internationale universitaire de Paris en fait incontestablement partie. Estimée entre 60 000 et 80 000 euros par De Baecque à Lyon, elle illustre les utopies des « Trente Glorieuses » qui veulent faire oublier les années sombres de la Seconde Guerre mondiale. Il faut créer beau et bien pour le plus grand nombre, allier modernité et tradition. Ainsi, les parties en aluminium proviennent des ateliers du constructeur Jean Prouvé et les éléments en bois ont-ils été fabriqués par l’ébéniste André Chetaille. Les couleurs primaires rouge et jaune qui s’associent au noir et blanc, s’inspirent, elles, de la palette chromatique de Sonia Delaunay. Sur la longue planche ceinturée d’aluminium gris-bleu de la bibliothèque, on pourra poser l’une des céramiques de Georges Jouve proposées dans la vente, comme ce vase rouleau émaillé noir ou le célèbre cendrier Patte d’ours, estimés tous les deux entre 2 500 et 3 000 euros.
« XXe et XXIe siècles – Art moderne et contemporain – Design », jeudi 16 mai 2024, De Baecque, 70, rue Vendôme, 69006 Lyon, www.debaecque.fr
La bibliothèque d‘un collectionneur normand chez Giquello
Maître de conférences à l’université de Caen, Joël Dupont, disparu en janvier dernier, fut aussi conservateur du musée Barbey d’Aurevilly. Né à Saint-Sauveur-le-Vicomte en Normandie (où se trouve le musée) comme le célèbre écrivain du XIXe siècle, il partageait avec lui son admiration pour la littérature britannique et en particulier pour la poésie de Lord Byron, le dandysme de George Brummel ou l’écriture romanesque de Walter Scott. Catherine Joseph, présidente de la Société Jules Barbey d’Aurevilly, rappelle d’ailleurs, dans sa préface au catalogue de la maison de ventes Giquello qui disperse la bibliothèque de Joël Dupont, la formule de l’auteur des Diaboliques : « un Normand est un demi-anglais ». La collection de livres et autographes du conservateur reflète ses passions. On n’y retrouve pas moins de cinquante écrits de Barbey d’Aurevilly, lettres, manuscrits ou œuvres de fictions dont le fameux recueil de nouvelles Les Diaboliques en édition originale (est. 2 000-3 000 euros) ou un exemplaire relié et dédicacé du roman Le Chevalier des Touches estimé entre 3 000 et 5 000 euros.
« Bibliothèque Joël Dupont – Livres et autographes », mercredi 15 mai 2024, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.giquelloetassocies.fr