Collection Robert Guerlain chez Mirabaud Mercier
Si le nom des Guerlain est associé, depuis la fin du XIXe siècle, à la haute parfumerie, il est aussi indissociable du monde de l’art. Florence et Daniel Guerlain sont les infatigables promoteurs du dessin contemporain, via la fondation qui porte leur nom, créée il y a près de trente ans et qui décerne un prix du dessin contemporain tous les ans depuis 2006. Le nom de Robert Guerlain est peut-être moins familier du public. Pourtant, le petit-fils de Jacques Guerlain est l’un des collectionneurs de verreries contemporaines les plus engagés en Europe. Sa passion débute il y a 60 ans, lors d’un voyage à New York. Il est alors chargé par la maison de parfum de rechercher de nouveaux designers pour élaborer les flacons de la marque. Sa collection – dispersée par Mirabaud Mercier –, l’entraîne en ex-Tchécoslovaquie, l’un des berceaux du verre au début de XXe siècle, avec notamment une sculpture d’Ivan Mares, L’œuf, estimée entre 20 000 et 30 000 euros. Elle prend ensuite la direction de l’Italie avec une trentaine de pièces dont une coupe réalisée en 1989 par le designer Gaetano Pesce (est. 2 000-3 000 euros). La France est largement représentée, avec entre autres, trois œuvres du petit-fils du maître-verrier François Décorchemont, Antoine Leperlier, dont on attend entre 4 000 et 6 000 euros pour sa sculpture Effets de la mémoire VI, pièce unique datée de 1997. Une dizaine de céramiques complètent la collection.
« Collection R. Guerlain, verres et céramiques contemporains », mardi 22 octobre 2024, Mirabaud Mercier, Hôtel Drouot, 75009 Paris. www.mirabaud-mercier.com
La collection Alfred Janniot chez Gérard-Tasset à Angoulême
Sculpteur star de la période Art déco, Alfred Janniot reste, pour les collectionneurs, l’un des porte-drapeaux d’une œuvre sculpturale monumentale intimement liée à l’architecture. Anne Demeurisse, ayant droit universel et experte de l’œuvre d’Alfred Janniot, résume sa vision artistique en rappelant sa formule : « Travailler pour les murs, c’est l’expression la plus noble de l’art ». « Janniot était contre la nudité architecturale, ajoute-t-elle, il voulait habiller les façades. » Prix de Rome en 1919, pensionnaire à la Villa Médicis, il a œuvré un peu partout en France. À Paris, il a réalisé la tapisserie sculptée de 1 200 m2 du Palais de la Porte-Dorée inauguré en 1931, les compositions qui encadrent le grand escalier sur le parvis du Palais de Tokyo, mais il a aussi créé des œuvres à Bordeaux, Nice (comme la Fontaine du Soleil, place Massena), Saint-Louis (Le Père Rhin, devant le lycée Jean-Mermoz) ou Châteauroux. À l’étranger, l’un de ses chefs-d’œuvre, le haut-relief de la Maison de France, se trouve au Rockefeller Center à New York. « La collection privée des œuvres d’Alfred Janniot présentée par l’étude Gérard-Tasset à Angoulême, provient de la succession d’une amie du sculpteur qui a sans doute été aussi son modèle, confie Anne Demeurisse. Elle est particulièrement émouvante car l’atelier de Janniot a complètement été détruit par les bombardements en 1944. »
Parmi les cinquante pièces proposées aux enchères (toutes réalisées du vivant de l’artiste, selon l’experte) figurent des épreuves en terre cuite comme L’enlèvement d’Europe (vers 1925, est. 4 000-6 000 euros), des plâtres (Les Trois Grâces, est. 4 000-6 000 euros) ou des marbres (Étude pour la Bibliothèque nationale à Paris, est 5 000-6 000 euros). Quatre bronzes importants seront placés sous le feu des enchères, dont une Étude de la Fontaine de Nice estimée entre 15 000 et 20 000 euros.
« Sculptures, bronzes, tableaux : collection privée d’œuvres d’Alfred Janniot », vendredi 25 octobre 2024, Gérard-Tasset, Hôtel des ventes, 4 rue Guy Ragnaud, 16000 Angoulême.