C’est une artiste franco-marocaine au profil très international qui a été sélectionnée pour représenter la France à la 61e Biennale de Venise en 2026, dans un pavillon entièrement rénové. Le jury présidé par Claire Le Restif (directrice du Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac), a choisi Yto Barrada « pour sa pratique multidisciplinaire qui fédère diverses communautés artistiques et sociales en quête d’une nouvelle utopie. Chercheuse iconoclaste, artiste totale et sans frontières, Yto Barrada réinvente la "sculpture sociale" à la lumière des pédagogies alternatives et transforme les canons du modernisme en un jardin pluriel. De Paris à Tanger, en passant par New York, elle dessine une cartographie singulière qui recueille de nouvelles voix – invisibles, fragiles, historiques ou oubliées – à transmettre leurs récits ».
Le choix de la commission de sélection organisée par l’Institut français et donc présidée par Claire Le Restif a été retenu par Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et par la ministre de la Culture Rachida Dati. Il n'est sans doute pas anodin que le choix de l'artiste survienne sur fond de réchauffement diplomatique entre la France et le Maroc...
Née en 1971 à Paris, Yto Barrada vit et travaille entre New York et Tanger. Elle a étudié l’histoire et les sciences politiques à la Sorbonne, puis la photographie à New York. Depuis un quart de siècle, « elle déploie une pratique multidisciplinaire – installation, film, photographie, sculpture, textile et édition – par le biais de projets au long cours qui abordent des questions aussi diverses que la place du jeu dans les pédagogies alternatives, l’instrumentalisation de la botanique dans les politiques urbaines, le trafic international de fossiles de dinosaures, l’anthropologie coloniale, le panafricanisme ou les politiques culturelles durant la guerre froide », précise l’Institut français, qui gère le pavillon national.
Cette démarche est de grande ampleur. « Explorant simultanément faits culturels, processus naturels et récits historiques, les travaux d’Yto Barrada portent une attention particulière à la transmission des savoir-faire locaux, à la circulation des formes esthétiques et aux stratégies de désobéissance sociale. Mettant en avant l’idée de communauté, de parenté artistique et de collaboration avec amis et famille, ils comportent souvent une relecture des avant-gardes artistiques modernistes », ajoute l’Institut français.
Pour Yto Barrada, la Biennale de Venise ressemblera à une forme de consécration après un riche parcours et une importante reconnaissance internationale. En effet, son travail a fait l’objet d’expositions monographiques en particulier en Europe et aux États-Unis : au Jeu de Paume à Paris (2006) ; à la Renaissance Society, à Chicago (2011) ; à la Tate Modern, à Londres (2011) ; au Walker Art Center, à Minneapolis (2013) ; au Carré d’Art, à Nîmes (2015) ; au Barbican Centre, à Londres (2018) ; au MASS MoCA North Adams, dans le Massachusetts (2021) ; au Museum of Modern Art de New York (2021) ; au Stedelijk Museum d’Amsterdam (2022) ; à la Kunsthalle Bielefeld, en Allemagne (2023) ; à Césure – Plateau urbain dans le cadre du Festival d’Automne (2023) ; enfin au MoMA PS1 à New York (2024), entre autres.
Elle a été nommée pour le Prix Marcel Duchamp 2016 organisé par l’Adiaf. L’artiste a par ailleurs participé à de nombreuses biennales, dont celles de Venise (2007, 2011), Sharjah (2011), Istanbul (2013), Marrakech (2016), Gwangju (2018) et Whitney (2022). Ses œuvres ont intégré maintes collections publiques à travers le monde, notamment celles du Centre Pompidou (Paris), du MoMA (New York), de la Tate Modern (Londres), du Metropolitan Museum of Art (New York), du Reina Sofia (Madrid), du Mathaf (Doha) et du Mumok (Vienne)… L’artiste est représentée par la galerie Polaris à Paris, Sfeir-Semler à Beyrouth et à Hambourg, et Pace à Londres.