De Foire locale à vocation régionale à ses débuts, la Luxembourg Art Week s’est peu à peu transformée en Foire internationale avec pour cible les amateurs et collectionneurs luxembourgeois, mais aussi ceux des pays limitrophes de ce carrefour de l’Europe : la France, la Belgique et l’Allemagne.
Ces quatre pays contribuent largement à assurer l’essentiel du contingent des galeries participantes, puisque l’on en dénombre une douzaine pour le pays hôte, une vingtaine pour la France et une quinzaine pour la Belgique comme pour l’Allemagne. Les principales enseignes luxembourgeoises (Nosbaum Reding,Valerius, Zidoun-Bossuyt) ou assimilées (Ceysson & Bénétière) sont présentes. Parmi les françaises, il faut compter sur les parisiennes Lelong & Co., Backslash, Maria Lund, Arnoux, By Lara Sedbon, sur les messines Modulab et PJ, ainsi que sur EAST (Strasbourg). Du côté belge, on retient les galeries bruxelloises Belgian Gallery, Dauwens & Beernaert, Lee-Bauwens, Schönfeld, Stems, les anversoises Eva Steynen et Callewaert-Vanlangendonck, et la liégeoise Quai4.
UNE NOUVELLE STRUCTURATION
La manifestation dévoile pour cette édition 77 exposants répartis en deux sections : le secteur principal (Main Section), majoritaire avec 56 galeries, et le secteur émergent (Take Off), fort de 21 enseignes, qui présente des collectifs d’artistes, des jeunes galeries et des espaces autogérés. Ce dernier secteur, réservé initialement aux opérateurs locaux ou transfrontaliers, ne recense plus que cinq entités luxembourgeoises. Il est vrai qu’il déséquilibrait quelque peu l’événement, donnant l’impression d’une foire à deux vitesses. Cet effacement progressif des petits acteurs régionaux est sans doute le prix à payer pour assurer la crédibilité et la pertinence de la manifestation au niveau européen. Celle-ci a attiré 22 000 visiteurs en 2023, un « chiffre idéal » selon les organisateurs.
Célébrant son 10e anniversaire, la Foire luxembourgeoise se caractérise cette année par une attention accrue portée aux différents publics qui la fréquentent. Une journée supplémentaire, réservée aux VIP et aux collectionneurs, fait son apparition, une deuxième journée est dédiée aux professionnels et une nocturne figure désormais au programme du vendredi. Pour Alex Reding, fondateur et directeur de la Luxembourg Art Week, « cette nouvelle structuration de la semaine, notamment avec un troisième moment festif le vendredi soir, nous permet de toucher un public plus large. Nous sommes dans une des trois capitales européennes, et le va-et-vient des personnes y est constant ».
L’offre des conférences et conversations est renforcée, avec une dizaine d’événements prévus, tout comme les partenariats avec les sponsors principaux proposant une programmation hors les murs autour des œuvres de Jan Fabre (en collaboration avec la Ville de Luxembourg) et de Jan Voss à la Villa BGL (centre BGL BNP Paribas).
La manifestation s’ouvre également de plus en plus sur la ville, notamment avec le programme Art Walk. Instauré en 2023, celui-ci élargit la présence de la Foire tant dans le temps que dans l’espace. Il s’étend en effet sur un mois (du 22 octobre au 24 novembre 2024) et s’articule sur l’axe très fréquenté qui relie le Glacis Square (où se déroule la Foire) à la gare Centrale. L’Art Walk se décline en deux volets : le parcours de sculptures proprement dit (« Sculpture Trail »), fort de dix œuvres, et le parcours « Capsule » qui se tient dans une dizaine d’espaces commerciaux ou de vitrines vides, et s’adresse à des artistes émergents.
Se greffent à cela des « Projets spéciaux ». Parmi ceux-ci, l’agencement du Café Delphine, espace sans cimaises situé au centre de la Foire, dont il s’agit de dessiner les contours. C’est à l’artiste française Delphine Dénéréaz, travaillant le textile de récupération, qu’il revient d’« habiller » le lieu.
UNE OFFRE MUSÉALE VARIÉE
Entamée il y a une trentaine d’années, la collection du musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA) du Luxembourg compte désormais une quarantaine de pièces des artistes membres ou apparentés au mouvement Supports/Surfaces – ce qui en fait la plus importante collection hors de France. Elle comprend des œuvres historiques, couvrant deux décennies, de 1966 à 1985. Avec, entre autres, les Sol/Mur de Louis Cane, les Échelles de bois souple de Daniel Dezeuze, les Arrangements de Bernard Pagès, les Filets, les Bâches de Claude Viallat et quelques toiles somptueuses de Jean-Pierre Pincemin, le visiteur de l’exposition « Supports/Surfaces. Notre collection à l‘affiche » au Nationalmusée um Fëschmaart*1, à Luxembourg, est immergé dans les expérimentations picturales et les déconstructions spatiales de ces artistes, dorénavant considérés comme ayant appartenu au « dernier mouvement d’avant-garde de l’art français du XXe siècle*2 ».
Par ailleurs, l’exposition « Radical Software », au Mudam Luxembourg – musée d’Art moderne Grand-Duc Jean, revisite pour la première fois les débuts de l’art numérique selon une perspective féministe. Conçue par Michelle Cotton, ancienne conservatrice au musée et actuelle directrice de la Kunsthalle de Vienne, elle présente des œuvres d’artistes qui furent parmi les premières à utiliser l’ordinateur comme outil de création artistique, dans les trois décennies qui ont précédé l’essor du Web. On y trouve des plasticiennes qui se sont inspirées de l’ordinateur en tant que sujet et d’autres qui ont appliqué des principes mathématiques, inhérents à l’informatique, dans leur pratique. La sélection comprend plus d’une centaine de réalisations de tous médiums (peintures, sculptures, installations, films, performances, dessins ou textes générés par la machine), produites par une cinquantaine d’artistes, dont Dara Birnbaum, Hanne Darboven, Agnes Denes, VALIE EXPORT, Isa Genzken, Dominique Gonzalez-Foerster, Alison Knowles, Vera Molnár et Rosemarie Trockel. Des marraines prestigieuses pour fêter les 10e ans de la Luxembourg Art Week !
*1 L’un des trois musées gérés par le MNAHA.
*2 Bernard Ceysson et Michel Polfer, Supports/Surfaces. La collection publique du Luxembourg. Luxembourg’s public collection, Luxembourg et Milan, MNAHA et Silvana Editoriale, 2024.
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Luxembourg Art Week,
22-24 novembre 2024, Glacis Square, allée Scheffer, rue des Glacis, 1628 Luxembourg, Luxembourg, luxembourgartweek.lu
« Supports/Surfaces. Notre collection à l’affiche »,
21 juin 2024-23 février 2025, Nationalmusée um Fëschmaart, Marché-aux-Poissons, 2345 Luxembourg, Luxembourg, nationalmusee.lu
« Radical Software : Women, Art & Computing 1960-1991 »,
20 septembre 2024-2 février 2025, Mudam – musée d’Art moderne Grand-Duc-Jean, 3, Park Dräi Eechelen, 1499 Luxembourg- Kirchberg, Luxembourg, mudam.com