Impossible de rater la Luxembourg Art Week ! Pour le dixième anniversaire de l’événement, son directeur et fondateur, le galeriste Alex Reding, et son équipe, ont fait le maximum pour l’inscrire non seulement dans l’agenda culturel de la ville, mais aussi dans l’environnement urbain et quotidien des Luxembourgeois, son public cible. D’où une campagne d’affichage omniprésente sur les abribus, tout comme la mise en place d’un parcours de sculptures désormais établi sur l’axe le plus fréquenté et le mieux desservi de la ville, même si certains rapports d’échelle dans le choix des œuvres restent à améliorer.
Cette volonté d’ouverture et d’accessibilité se remarque dans la sélection des galeries beaucoup moins homogène que sur des foires comme Art Brussels par exemple. L’offre est cette année des plus généralistes et s’étale des peintres abstraits des années 1950 de la galerie Arnoux (Paris) aux créations de premier plan les plus contemporaines défendues par bon nombre de galeries, tout en passant malheureusement encore par des œuvres de type purement décoratif sans réel intérêt. Au visiteur donc de s’y retrouver et d’éviter ces derniers stands particulièrement surchargés, ce qui les distingue aisément des sélections plus « curatées ». On parle ici des galeries qui privilégient souvent un choix limité d’artistes, souvent des trios ou des quatuors, en proposant ainsi des ensembles plus conséquents pour chacun d’entre eux. C’est le cas par exemple chez Backslash (Paris), avec un trio composé de France Bizot, Duncan Wylie et Xavier Theunis (de 3 000 à 14 000 euros) ; de la galerie EAST (Strasbourg) autour de l’alphabet en verre d’Agnès Thurnauer (75 000 euros) ; mais aussi chez Carolyn Heinz (Hambourg), Dauwens & Beernaert (Bruxelles-Knokke), Stems (Bruxelles-Paris) ou Maria Lund (Paris) avec le très beau travail textile d’Élise Peroi. Mentionnons aussi Zwart Huis (Bruxelles), Palmadotze (Barcelone), By Lara Sedbon (Paris), Valerius (Luxembourg) et son jeune peintre italien Cosimo Casoni dont les toiles à 12 000 euros s’arrachaient rapidement dès la soirée d’inauguration. S’y pressaient les invités des deux principaux sponsors de la foire, indispensables partenaires à sa réussite.
Sans surprise, les poids lourds de la manifestation – ceux qui participent régulièrement à des foires internationales – viennent avec leurs classiques tout en proposant de belles ouvertures vers les plus jeunes générations : Lelong & Co (Paris), Ceysson & Bénétière (Saint-Étienne, Paris, Luxembourg, etc.) ; Nosbaum Reding (Luxembourg - Bruxelles) ou affirmant leur ligne globale comme Zidoun-Bossuyt (Luxembourg-Dubaï-Paris).
Les abstractions radicales de la deuxième moitié du XXe siècle se portent bien, comme en témoigne une sélection des membres du Groupe Zéro chez De Zutter (Knokke), qui montre aussi le travail de Christo. Nous sommes ici dans le second marché qui a toujours fait partie de l’offre de la foire. On y repère par exemple un bel ensemble des débuts de Pol Bury chez Callewaert Vanlangendonck (Anvers). La galerie La Ligne (qui déménage de Zürich à Bâle cette année) rend elle hommage à Aurélie Nemours et à Vera Molnar. De cette dernière, on peut y découvrir un rare triptyque sur papier informatique datant de 1974 (affiché à 38 000 euros), en rapport avec sa participation à la remarquée exposition « Radical Software, 1960-1991 » actuellement présentée au MUDAM et consacrée aux femmes pionnières de l’utilisation de l’ordinateur comme outil de création artistique.
Luxembourg Art Week, jusqu’au dimanche 24 novembre 2024, Place des Glacis, 1628 Luxembourg, www.luxembourgartweek.lu. Catalogue digital.