Le monde du cinéma et celui des arts plastiques connaissent depuis longtemps des porosités, des intervenants de l’un des domaines s’aventurant – souvent pour le meilleur – dans l’autre. Le réalisateur américain David Lynch a par exemple exposé dès 2007 ses œuvres, de la peinture à la photographie en passant par le dessin, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris. En 2017, l’actrice Audrey Tautou a présenté ses photographies lors des Rencontres de la photographie d’Arles, un ensemble très personnel montré à l’abbaye de Montmajour sous le titre Superfacial. C’est sous le même intitulé qu’elle publie à partir du 29 novembre 2024 un ouvrage aux Éditions Fisheye réunissant nombre de ses images très personnelles mais aussi un ensemble de cinq cents portraits de journalistes prises lors de la promotion de ses films. De leurs côtés, beaucoup d’artistes plasticiens sont passés derrière la caméra pour réaliser des films, à l’exemple de l’Américain Julian Schnabel, qui est notamment l’auteur de Basquiat (1996) ou Le Scaphandre et le Papillon (2007). Son dernier opus, In The Hand of Dante, avec Oscar Isaac, Jason Momoa, Martin Scorsese ou Al Pacino, doit bientôt sortir en salles.
Tout en ayant représenté la Grande Bretagne à la Biennale de Venise en 2009, Steve McQueen enchaîne lui aussi les films, avec notamment Hunger (2008), Shame (2011), Twelve Years a Slave (2013, auréolé de plusieurs Oscars) et Les Veuves (2018). Cet automne, le Britannique signe un nouveau long métrage intitulé Blitz. Sorti brièvement en salle le week-end des 9 et 10 novembre 2024, il est disponible en streaming sur la plateforme Apple TV + depuis le vendredi 22 novembre. Ayant pour toile de fond l’intense bombardement nazi de l’Angleterre de septembre 1940 à mai 1941, le film retrace l’histoire d’un enfant métis de 9 ans, évacué à la campagne pour être mis à l’abri, mais qui s’échappe et part à la recherche de sa mère restée travailler dans une usine d’armement. Les références à l’histoire du cinéma ou aux arts plastiques ne manquent pas, de L’arroseur arrosé dans la scène d’ouverture au Chinois Cheng Xinhao marchant en donnant régulièrement un coup de pied dans un caillou. S’il met justement en scène le racisme auquel est confronté le garçon et la lutte pour la survie dans un Londres en proie aux bombes, le film est parfois rattrapé par les codes du mélodrame hollywoodiens. Il relate cependant quelques épisodes importants de cette époque tragique et montre la résistance héroïque dont firent preuve les Britanniques au milieu d’un champ de ruines, ce qui permit de préserver la possibilité d’une victoire finale sur le nazisme.