Collection Françoise Mayer et Marc Sohier chez Sotheby’s
Tout comme ce fut le cas pour les galeries d’Iris Clert ou de Denise René à Paris, la galerie de Françoise Meyer, située dans le quartier d’Ixelles, a eu un rôle déterminant et une influence majeure sur le monde de l’art… à Bruxelles. « Françoise Mayer a d’abord produit des émissions culturelles pour la télévision belge telles que “Plaisir des arts” ou “L’œil écoute”, raconte Aurélie Vandevoorde, vice-présidente de Sotheby’s France. Elle a su profiter de cette expérience professionnelle pour tisser des liens avec les artistes qu’elle interviewait. » Son regard, comme celui de son mari Marc Sohier, est principalement attiré par les avant-gardes et notamment par l’abstraction ou l’art cinétique. Leurs coups de cœur sont signés Alexander Calder - qui l’a d’ailleurs convaincu d’ouvrir sa galerie (Polychrome Six, stabile, est. 300 000-500 000 euros), Lucio Fontana (Concetto spaziale, est. 800 000-1,2 million d’euros) ou Victor Vasarely (RHOMBUS N°2070, est. 20 000-30 000 euros).
Si elle a beaucoup œuvré pour les artistes européens, Françoise Mayer fut surtout parmi les toutes premières à promouvoir les créateurs de la nouvelle scène américaine, alors relativement méconnus de ce côté de l’atlantique. Kenneth Noland (Paced,est 200 000-300 000 euros), Frank Stella (Quathlamba I, des V Series, est. 6 000-8 000 euros), ou Robert Rauschenberg (White Walk, de Stoned Moon, est. 5 000-7 000 euros) ont tous connu les murs de la galerie. L’aventure s’arrête en 1975 mais la collection s’enrichit jusqu’à la disparition de Françoise Mayer et Marc Sohier. L’un de leurs derniers achats ? Une œuvre néo op-art du Français Mathieu Mercier, estimée entre 10 000 et 15 000 euros.
« Collection Françoise Mayer et Marc Sohier », mercredi 4 décembre 2024, Sotheby’s, 83 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, www.sothebys.com
La collection de l’architecte Michel Roux-Spitz chez Ferri
Prix de Rome en 1920, rédacteur en chef de la revue L’architecture aujourd’hui, Michel-Roux-Spitz se veut un architecte de la « modernité classique ». Ses goûts artistiques témoignent d’un éclectisme raffiné : sur une photo d’archive du catalogue présentant la vente de sa collection, on peut apercevoir dans le salon de son appartement de la rue Guynemer à Paris, une tête de Bouddha chinoise d’époque Tang, estimée 20 000-30 000 euros. Sa passion pour l’Orient se manifeste encore par une sculpture en jade du XVIIIe siècle ou par une œuvre sur papier de Paul Jouve Éléphants se baignant à Anghor Vat (est. 80 000-100 000 euros). Son amitié avec le sculpteur Alfred Janniot, rencontré à la Villa Médicis, le conduiront à lui commander la réalisation des décors extérieurs de sa résidence personnelle à Dinard, la villa Greystones, aujourd’hui propriété d’une fortune française bien connue. Parmi les nombreuses œuvres de l’artiste acquises auprès de celui-ci, un bronze, Le Torse de Cécile, est estimé entre 30 000 et 40 000 euros et daté de 1936 grâce aux archives de l’architecte.
« Dans l’intimité de Michel Roux-Spitz », vendredi 6 décembre 2024, Ferri, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.ferri-drouot.com
Les broderies d’Alighiero Boetti et de Ghada Amer chez Piasa
Alighiero Boetti est l’un des principaux artistes du mouvement artistique italien de l’arte povera auquel la Collection Pinault consacre une exposition jusqu’au 20 janvier 2025. Quatre de ses broderies sur toile issues d’une importante collection belge sont présentées dans la vente du mardi 4 décembre. Estimé entre 30 000 et 40 000 euros, Lasciare il erto per l’incerto (1987), Tavolta sole tavolta luna (1988), Cinque x cinque venticinque (1988), et Un filo di voce un filo di luce (1992) ont été tissés par des brodeuses afghanes, d’abord en Afghanistan, puis au Pakistan après l’invasion soviétique en 1978. Les carrés de Boetti illustrent une forme de rationalisme magique ou les mots se jouent des nombres (et les nombres des mots) bercés par une pensée mystique orientale et des couleurs éclatantes. Ces œuvres font écho à celles de l’artiste égyptienne Ghada Amer, exposées en 2022 au Mucem à Marseille pour sa première rétrospective en France. Pour cette artiste militante, l’utilisation de la broderie est, comme pour Boetti, un geste politique. Sans titre, de 1996 (est. 10 000-15 000 euros) est ici au service d’une réflexion sur la masculinité et le plaisir féminin.
« Art moderne et contemporain », mercredi 4 décembre 2024, Piasa, 118, rue de faubourg Saint Honoré, 75008 Paris, www.piasa.fr