Qui se souvient encore qu’entre la fin du XIXe et le milieu du XXe siècles toutes les femmes les plus élégantes d’Europe et d’ailleurs succombèrent à une « perlomanie » aiguë ? Au terme d’une passionnante enquête, l’historien d’art Léonard Pouy (responsable des contenus et de la transmission à L’École des arts joailliers, à Paris) invite à plonger au cœur de cette « aventure artistique, commerciale et humaine » qui vit les échanges s’intensifier entre le golfe Arabo-Persique et la France, et les fortunes se faire et se défaire à l’ombre de la place Vendôme. D’une grande érudition, l’auteur a rassemblé une multitude de documents (livres de comptes, catalogues de ventes, photographies anciennes, affiches publicitaires, tableaux…) pour retracer avec brio les grandes heures de la perle fine, avant que n’apparaissent, dans les années 1920, les premières perles de culture sur le marché parisien.
Accompagnant la très belle exposition (soutenue par Van Cleef & Arpels) qui se tient, jusqu’au 1er juin 2025, à l’hôtel de Mercy-Argenteau – le siège de ladite École –, dans le 9e arrondissement de Paris, l’ouvrage est également une référence pour les amateurs de bijoux d’exception. Au fil des pages, le lecteur succombera ainsi devant un sautoir de 1907 de la maison Cartier annonçant le géométrisme de l’Art déco, ou bien encore devant une bague iconique créée en 1967 par le joaillier Jean Dinh Van pour Pierre Cardin, merveille d’épure d’une modernité absolue.
Léonard Pouy, Paris, capitale de la perle. Paris, City of Pearls, Paris, L’École des arts joailliers et Éditions Norma, 2024, bilingue français-anglais, 240 pages, 42 euros.