Un pot impérial Qianlong chez Aponem
Lors d’un inventaire en région parisienne, Olivier Valmier, commissaire-priseur de la maison Aponem, découvre pièce après pièce, de petites choses qui lui semblent tout de suite intéressantes. « Lorsque je rentre dans la chambre, raconte-t-il, mon regard est attiré par une petite étagère qui a pris la poussière. Derrière les livres, je devine un couvercle en porcelaine émaillé corail et or. En écartant les livres, l’objet tout entier apparaît. Il se révélera être un pot à eau impérial du règne de l’empereur Qianlong. La famille ignorait totalement son existence et son histoire. »Qianlong est l’un des monarques les plus vénérés en Chine : fin politique, il amorce au XVIIIe siècle un nouvel essor diplomatique et culturel avec l’Occident. Le décor principal du cylindre du pot à eau fait écho à ce dialogue qui devient intense entre les deux continents. Estimé entre 80 000 et 120 000 euros, il représente huit marchands hollandais, débonnaires, venant offrir leurs cadeaux au souverain. La technique utilisée et le type de porcelaine est appelé « yangcai » (littéralement « aux couleurs étrangères »). Elle est développée par le dramaturge et céramiste Tang Yin et nécessite une cuisson particulière et précise pour chaque couleur. Chaque pièce est unique et extrêmement difficile à réaliser. Le pot à eau n’est pas un objet anodin pour Qianlong. Comme Tang Yin, c’est un lettré, considéré encore aujourd’hui comme un immense poète et calligraphe. « L’empereur a écrit des centaines de poèmes sur les peintures en rouleau qu’il collectionnait, conclut Olivier Valmier. C’était une façon de les honorer en y déposant notamment ses émotions de spectateur. Il est donc très probable que ce pot à eau ait accueilli son propre pinceau. »
« Œuvres choisies », vendredi 13 décembre 2024, Aponem, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.aponem.com
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Paris, Librairie Plon, 1954-1959. Edition originale offerte à Yvonne de Gaulle. Courtesy Artcurial
Souvenirs historiques de Charles de Gaulle chez Artcurial
Plus de 350 lots, documents, souvenirs, correspondances, mais aussi objets fétiches du général de Gaulle vont être présentés aux enchères par la maison Artcurial, à la suite de la mort de son fils, l’amiral Philippe de Gaulle, en mars 2024. Cette vente permettra, pour son petit-fils Yves de Gaulle, auteur du livre Un autre regard sur mon grand-père Charles de Gaulle et préfacier du catalogue, de « proposer au public des pièces et documents originaux, le plus souvent déjà connus, mais qui étaient gardés dans un coffre depuis plus de quarante ans ».En effet, la plus grande partie de ces pièces a été publiée par l’amiral Philippe de Gaulle dans les 13 volumes des Lettres, notes et carnets publiés chez Plon entre 1980 et 1988.
Classés par ordre chronologique, les manuscrits livrent les réflexions, les intuitions, les projets et la vision d’un homme d’État qui, dans un récit d’enfance se voyait – déjà ! – en sauveur de la France. Dans sa nouvelle Campagne d’Allemagne (est. 10 000-15 000 euros) écrite à l’âge de 14 ans, le jeune homme s’imagine en « général de Gaulle » venant à bout de l’envahisseur allemand !
La première partie de la vie de Charles de Gaulle est profondément marquée par son expérience de la captivité pendant la Première Guerre mondiale. Blessé dans les tranchées en 1916, il est capturé par l’armée allemande. Postées du camp de prisonniers où il est interné, les lettres adressées à ses parents, parfois codées, mettent en valeur son refus du renoncement. Celle datée des 20 et 30 juin évoque même une tentative d’évasion (est. 3 000-4 000 euros) – il fera cinq tentatives en tout. Parmi les manuscrits et livres les plus importants figurent les brouillons de La Discorde chez l’ennemi (est. 50 000-60 000 euros), analyse des causes de la défaite de l’Allemagne en 1918, ou ceux du premier volume des Mémoires de guerre, « L’Appel », vers 1950 (est. 30 000-40 000 euros). En parallèle de la vente, Artcurial expose dans ses locaux le manuscrit original de « L’Appel du 18 juin ».
« De Gaulle, une succession pour l’histoire », lundi 16 décembre 2024, Artcurial, 7 Rond-Point des Champs-Élysées Marcel-Dassault, 75008 Paris, www.artcurial.com