La contraction du marché se poursuit, mais dans des proportions qui n’ont rien de catastrophique. C’est l’impression qui ressort du bilan de Christie’s Monde pour l’année 2024, publié ce 17 décembre. En réalité, la tendance déjà observée en 2023 se poursuit. Globalement, le volume des ventes, enchères et gré à gré confondus, est en recul de 6 % pour 5,7 milliards de dollars. Cette année à nouveau, le fossé se creuse entre la performance des ventes publiques (-16 % pour un total de 4,2 milliards de dollars) et celle des ventes privées qui ont explosé (+41 % soit 1,5 milliard de dollars). Il n’est pas sorcier de comprendre qu’en période de conflits et de fortes incertitudes politiques et économiques, de l’Europe aux États-Unis, les vendeurs soient plus nombreux se reporter vers les avantages du gré à gré… Dans ces ventes privées se cachent quelques-unes des plus importantes transactions de l’année… Ce n’est cependant « que » la deuxième année la plus importante en termes de ventes de gré à gré chez Christie’s, le pic ayant été atteint pendant la pandémie en 2020, avec 1,6 milliards de dollars. Par ailleurs, alors qu’en 2022, Christie’s avait bénéficié de la dispersion de la collection du cofondateur de Microsoft, Paul G. Allen, pour la somme astronomique de 1,2 milliard de dollars, nulle collection époustouflante n’a été vendue chez Christie’s, ni en 2023 ni en 2024, ce qui rend la comparaison entre ces deux années plus pertinente…
Alors que le marché « affronte des vents contraires » comme l’a souligné lors e la conférence-bilan Guillaume Cerutti, C.-E.-O de Christie’s, ce dernier se félicite des taux élevés cette année : 112 % de résultat aux enchères comparé à l’estimation en moyenne contre 105 % l’an dernier ; et 86 % de lots vendus contre 84 % en 2023. « Cela signifie que nous avons une activité soutenue de la part des enchérisseurs », assure-t-il. Le premier semestre a été plus faible (-22 %) partout dans le monde, avant un rattrapage au second semestre, pour arriver, en incluant les ventes privées donc, à un recul de -6 %. Les ventes du soir de novembre à New York ont vu un tableau de Magritte, L’Empire des lumières, atteindre 121 millions de dollars, un record pour une œuvre surréaliste et le plus haut prix de l’année aux enchères. Mais aussi, dans un registre contemporain, Standard Station, d’Ed Ruscha, obtenir 68,3 millions de dollars ce même mois. Toutefois, il y a eu moins d’œuvres exceptionnelles sous le marteau : « le niveau le plus élevé du marché de l’art contemporain est une question d’offre…qui déclenche la demande », rappelle Guillaume Cerutti, qui se dit « raisonnablement confiant pour 2025 ». Alors que l’Asie, où Christie’s a inauguré en 2024 un nouveau siège ambitieux, continue de susciter de grandes attentes, notamment en direction des jeunes générations, c’est le Moyen-Orient qui pourrait vivifier un marché en phase de contraction. Christie’s note un bond de 26 % de la participation dans ses ventes de Paris et de Londres des clients issus de cette région en plein développement économique et culturel.