La Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, pionnière en matière de mécénat depuis sa création en 1984 par la maison Cartier, vient de fêter ses 40 ans. À cette occasion, une publication retrace sa « vraie histoire », racontée par Alain Dominique Perrin, son président fondateur.
Photographies et documents d’archives témoignent de cette formidable aventure depuis les débuts à Jouy-en-Josas, près de Versailles (Yvelines), puis boulevard Raspail, dans le 14e arrondissement de Paris, à partir de 1994, dans le bâtiment tout en transparence conçu par Jean Nouvel, en attendant son déménagement dans les murs classés de l’ancien Louvre des antiquaires, place du Palais-Royal dans le 1er arrondissement, dont les espaces (8 500 m2 accessibles au public) sont en cours de réaménagement par l’architecte. La plus ancienne fondation d’entreprise dédiée à l’art contemporain en Europe peut s’enorgueillir d’avoir organisé à ce jour plus de 160 expositions.
Le livre, qui contient un essai du philosophe Emanuele Coccia, est ponctué de douze histoires choisies d’artistes et d’accrochages ayant fait date. Ainsi, César passant au rouleau compresseur 6 000 fausses montres Cartier en vue de réaliser une œuvre ; l’urbaniste et essayiste Paul Virilio abordant le thème de l’accident dans « Ce qui arrive » (2002-2003) ; « Nous les arbres » (2019-2020), l’exposition qui a donné la parole au végétal en invitant botanistes, biologistes, artistes, anthropologues, philosophes ; le génie du dessin Moebius prenant possession du lieu (« Mœbius-Transe-Forme », 2010-2011). Éclectique, ouverte sur le monde, la Fondation Cartier a aussi montré David Lynch (« The Air is on Fire », 2007), la lutte Yanomami (Claudia Andujar, 2020) ou la création africaine avec « Beauté Congo, 1926-2015, Congo Kitoko » (2015-2016). À l’heure où se tourne une page inédite de son histoire, on mesure ici le chemin parcouru. Vivement la suite, sous la houlette de Chris Dercon, son nouveau directeur général depuis décembre 2022.
Voir venir. Venir voir, Paris, Éditions Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2024, 436 pages, 800 illustrations, 35 euros.