Au cœur de « Lygia Clark. The I and You » à la Whitechapel Gallery, exposition qui va à l’essentiel de l’œuvre de cette figure majeure du néoconcrétisme brésilien, se déploie un large ensemble de Bichos (Bêtes, 1960-1964). Composées de plaques de métal articulées, ces sculptures transformables s’offrent à la libre manipulation des visiteurs, instaurant avec eux un véritable dialogue : « L’action du spectateur s’entrelace avec la réponse immédiate du Bicho, formant une nouvelle relation qui est justement possible, car le Bicho bouge – il a une vie propre », avait déclaré, en 1965, Lygia Clark (1920-1988).
Pour que l’intention de l’artiste ne reste pas lettre morte et que ses créatures ne deviennent pas des momies figées dans le mausolée de l’histoire, des répliques disposées sur des socles à portée de main jouxtent des originaux placés sous vitrine. À l’instar des autres objets interactifs de l’exposition londonienne – lunettes miroirs, costumes collectifs, filet élastique –, les Bichos proposent aux visiteurs-interprètes un jeu de combinaisons modulables à l’envi (il en sera de même lors de la rétrospective prévue à la Neue Nationalegalerie, à Berlin, à partir de mai 2025).
CIRCULATION ACTIVE
Dans la vaste présentation « Haegue Yang. Leap Year », à la Hayward Gallery, conçue par sa commissaire Yung Ma comme un « archipel d’îles interconnectées », deux groupes de sculptures montées sur roulettes sont activés quotidiennement par un personnel formé à cet effet. D’une part, les structures géométriques monumentales de la série Dress Vehicle (débutée en 2011) constituées de stores vénitiens et de clochettes métalliques, matériaux industriels de prédilection de l’artiste coréenne (née en 1971), revisitent plus ou moins explicitement certaines avant-gardes désormais entrées dans le canon : dada, le constructivisme ou encore l’art dit « minimal », et plus particulièrement des travaux de Sophie Taeuber-Arp, Oskar Schlemmer ou Sol LeWitt.
D’autre part, les figures hybrides tressées en paille artificielle de The Intermediates et The Randing Intermediates (séries entamées respectivement depuis 2015 et 2020) renvoient à différentes traditions artisanales, folkloriques et cérémonielles, à travers le monde. Dans tous les cas, l’œuvre dépasse le plan de la représentation pour mieux éprouver l’espace topologique de l’exposition comme champ d’événements imprévisibles. Ici, comme chez Lygia Clark, une circulation particulièrement active des corps, des formes et des idées permet à ces sculptures en mouvement de déployer un autre type d’art vivant, à la fois expérimental et accessible à tous.
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« Lygia Clark. The I and You », 2 octobre 2024 - 12 janvier 2025, Whitechapel Gallery, 77-82 Whitechapel High St, Londres E1 7QX, Royaume-Uni.
« Lygia Clark. Retrospective », 23 mai - 12 octobre 2025, Neue Nationalgalerie, Potsdamer Straße 50, 10785 Berlin, Allemagne.
« Haegue Yang. Leap Year »
- 9 octobre 2024 - 5 janvier 2025, Hayward Gallery, Southbank Centre, Belvedere Road, Londres SE1 8XX, Royaume-Uni.
- 1er mars - 31 août 2025, Kunsthal Rotterdam, Museumpark, Westzeedijk 341, 3015 AA Rotterdam, Pays-Bas.
- 27 septembre 2025 - 18 janvier 2026, Migros Museum für Gegenwartskunst, Limmastraße 270, 8005 Zurich, Suisse.