Le succès public et professionnel de la première édition a conforté les organisateurs, Gilles Parmentier et Jean-Marc Dimanche, dans le bien-fondé de leur démarche. D’importantes galeries françaises et européennes non exclusivement dédiées à la céramique sont venues se joindre à l’évènement, comme celle de Kamel Mennour qui représente l’artiste américaine Elizabeth Jaeger, l’invitée d’honneur de cette édition. Son installation à l’entrée de la foire est constituée d’un alignement de boxes blancs ajourés, comme si l’on traversait les allées d’un zoo abritant d’inquiétantes figures animales dont on ne sait trop si elles veulent s’en échapper ou nous défier du regard. La tension est en tout cas palpable.
La qualité de présentation de certains stands, notamment ceux dédiés aux solos shows qui ont particulièrement soigné la scénographie de leur espace, frappe par ailleurs sur cette édition. C’est le cas de celle conçue par Joy Herro pour Agnès Debizet (pièces de 10 000 à 30 000 euros) à la galerie Vallois, de l’ensemble des vases de Bachelot et Caron pour la Manufacture de Sèvres, des somptueux grès émaillés de Claude Champy, affichés de 3 500 à 18 000 euros à la galerie Capazza (Nancay) qui participe en même temps à la BRAFA ou encore le spectaculaire ensemble que la bruxelloise Sorry We’re Closed consacre au renommé céramiste nippo-américain Jun Kaneko. Cette première exposition personnelle en Europe comporte des pièces murales (à 12 500 euros) et des sculptures totémiques au sol qui s’échangent entre 12 000 € et 130 000 euros. Cette présentation permet à la galerie – dont les stands sur les foires font toujours preuve d’une réelle créativité – d’emporter le Prix du « Best solo show ». Le prix du meilleur stand revient lui à la galerie parisienne SCENE OUVERTE qui propose notamment une monumentale installation de Vincent Dubourg, vue en Off de la Biennale de Venise en 2019.
Outre Jun Kaneko, deux autres présentations individuelles émergent de la manifestation. D’abord l’exceptionnel ensemble que la galerie Hélène Bailly consacre à Picasso et que l’on aurait très bien pu voir à la BRAFA, où l'enseigne est d’ailleurs aussi présente. Il s’agit d’un hommage à son travail de céramiste à Vallauris dans l’atelier Madoura des Ramié. Dressée au centre du stand, la table n’attend plus que les convives. Toute la vaisselle utilitaire – assiettes, plats, cruches, pots – est due à Picasso, alors que d’autres de ses objets décoratifs sont accrochés aux murs de cette salle à manger reconstituée.
On ne manquera pas non plus le stand que la galerie belge Transit (Malines) consacre au sculpteur Peter Aerts. Ses réalisations d’allure anthropomorphes aux formes ondulées pourraient aussi faire penser à d’étranges fossiles marins ; ce sentiment est renforcé par l’aspect laqué de leur couleur vert bouteille qui contrastent, tant par leur forme que leur couleur, avec les socles orangés d’échelles diverses qui les supportent. Cet ensemble énigmatique fait par ailleurs l’objet d’une monographie éditée pour l’occasion, Transit Zone.
Ce salon éclectique regorge de pépites à découvrir au détour d’une cimaise, comme ces frises en porcelaine dans un dégradé de gris et noirs conçues par Vasarely pour les devantures des magasins Rosenthal en 1979 et proposées par la galerie hongroise acb (Budapest) qui les vend entre 5 500 et 7 200 euros.
« Ceramic Brussels », jusqu’au dimanche 26 janvier 2025, Tour & Taxis, 3 rue Picard, 1000 Bruxelles, www.ceramic.brussels