La collection de design Jean-Pierre Bruaire et Catherine Melotte chez Piasa
Médecin-cardiologue, Jean-Pierre Bruaire rejoint, grâce à son investissement personnel dans le monde de l’art et du design, la prestigieuse lignée des médecins collectionneurs ou mécènes. « J’ai acheté mon premier tableau, un Bernard Buffet, au tout début de mes études, j’avais 18 ans, se souvient Jean-Pierre Braire. Puis j’ai commencé à entendre parler dans la presse d’un couple de designers, Élisabeth Garouste et Mattia Bonetti. Sans hésiter, j’ai pris mon téléphone pour solliciter un rendez-vous avec eux. » Entre le binôme et le jeune homme, le courant passe très bien. Les designers se souviennent de ce « jeune étudiant en médecine venu (leur) commander, dans une démarche singulière, une commode et une horloge…1 Quelques années plus tard, le couple aménagera le studio parisien du médecin avec un ensemble baptisé « Monaco ».
Celui-ci sera proposé dans la vente de Piasa. Il comprend deux canapés estimés entre 4 000 et 6 000 euros, une table (est. 3 000-4 000 euros), une série de quatre chaises pliantes (est. 1 500-2 000 euros), deux chevets (est. 2 000-3 000 euros) ainsi qu’une tête de lit (est. 4 000-6 000 euros) ou encore un buffet (est. 4 000-6 000 euros).
Amateur d’art contemporain, le médecin achète notamment une gouache de Gérard Garouste, Tal la rosée à Galerie Liliane & Durand-Dessert en 1996 (est. 10 000-15 000 euros). « Je suis avant tout passionné par la magie de la pièce unique. Cette recherche m’a amené à créer, en 2005, avec ma femme Catherine, un premier espace d’exposition à Granville (Normandie). La Granville Gallery proposait aux designers de réaliser une œuvre pour la galerie en un seul exemplaire. L’expérience s’est poursuivie ensuite jusqu’en 2024 à Paris, où les galeristes ont pu continuer leurs fructueuses collaborations avec notamment Matali Crasset (lampe Last Bulb, est.1 200-1 800 euros), Christian Ghion (horloge Temps dresse, est. 600-900 euros) ou Éric Jourdan (chaise Dine, est. 200-300 euros).
1. Pierre Staudenmeyer, Nadia Croquet et Laurent Le Bon, Garouste et Bonetti, éditions Les presses du réel, 1998.
« Art + Design, De Philippe Starck à Garouste & Bonetti. Collection Jean-Pierre Bruaire, une passion pour la pièce unique », Piasa, mardi 28 janvier 2025, 118, rue du Fbg Saint-Honoré, 75008 Paris, www.piasa.fr
Grande Vierge de l'Annonciation en cuivre repoussé, gravé et doré, petits cabochons de turquoise (deux en verre) et cristal de roche, Haute Epoque, vers 1220-1250. Courtesy Giquello
Une Vierge de l’Annonciation en méditation chez Giquello
L’écrivaine Nathalie Calmé écrit en 2014 dans Le Monde des religions « qu’il existe en Europe, toute une littérature faisant référence à un supposé séjour de Jésus en Inde, au Cachemire et au Tibet. » Si la vérité historique de ce voyage est souvent remise en question, les représentations du Christ au Moyen Âge sont néanmoins parfois troublantes de ressemblance avec celle du Bouddha à la même époque (notamment lorsqu’il est montré le ventre proéminent comme le Bouddha, en signe de sagesse intérieure). La grande Vierge de l’Annonciation présentée par la maison Giquello mercredi 29 janvier (est. 150 000-200 000 euros) pourrait-elle être un autre bel exemple de la richesse des échanges marchands, culturels mais aussi spirituels entre l’Orient et l’Occident? La qualité de la réalisation, la douceur du visage, les plissés des vêtements mettent aussi en évidence l’attitude calme et sereine de Marie recevant la visite de l’archange Gabriel.
La position de ses mains peut être comparée en tout point avec celle du Bouddha Tathagata : l’une est levée, paume vers le visiteur dans un geste qui évoque l’accueil ou l’apaisement, l’autre est placée juste sous le ventre en signe de compassion. Réalisée vers 1230 à Limoges, cette statuette d’applique en cuivre doré ornée de turquoise et d’un petit cristal de roche était destinée selon l’expert Laurence Fligny « à être sur un fond émaillé en champlevé. Elle appartenait sûrement à un ouvrage important, un tabernacle ou un retable. L’ange qui devait faire face à la Vierge, doit lui, toujours être caché dans une église ou une collection privée ».
« Haute époque et curiosités », mercredi 29 janvier 2025, Giquello, Hôtel Drouot, 75009 Paris, www.giquelloetassocies.fr