Picasso en majesté chez Landau
C’est l’une des œuvres les plus importantes présentées sur cette édition de la Tefaf Maastricht. Longtemps, ce tableau, Les Dormeurs (1965) de Pablo Picasso, est resté accroché dans le bureau du légendaire marchand Daniel-Henry Kahnweiler. Ce n’est qu’après sa mort que Robert Landau et son épouse Alice purent l’acquérir… « Alors qu’il était aux Bermudes, il a reçu un appel de Paris, de la galerie Leiris. Son nom était inscrit sur un papier [comme acheteur prioritaire, ndlr]. Cette œuvre représente le cœur de ce que mes grands-parents ont pu accomplir, le sommet de leur réussite dans leur carrière consacrée à montrer les génies de l’art moderne devenus des classiques », confie Benjamin Landau. « Elle n’est pas à vendre, assure-t-il. Nous voulions l’apporter pour cette foire qui reste la dernière grande foire au monde. Nous voulions montrer cette œuvre ici pour le bénéfice de tous les visiteurs. Et rappeler que c’est ici, à Maastricht, qu’ils peuvent trouver les œuvres d’art les plus significatives ». Une œuvre « d’une grande présence » dont le prix serait « sans aucun doute » supérieur à 50 millions d’euros…

Mariane Ibrahim sur son stand consacré à Salah Elmur. Photo A.C.
Un « solo show » de Salah Elmur à la galerie Mariane Ibrahim
Et soudain le Soudan arriva à la Tefaf Maastricht… La galerie franco-américaine Marian Ibrahim participe pour la première fois à la Foire, dans le secteur Focus, avec une exposition monographique de Salah Elmur. Ces œuvres récentes (entre 20 000 et 90 000 euros) sont consacrées au Nil Bleu, à Khartoum, capitale du Soudan. Dans un univers pastoral empreint d’une innocence à la Gauguin, l’artiste y fait se côtoyer humains et animaux. « Des scènes rêvées et nostalgiques alors que le pays est maintenant en proie à de multiples tensions », commente Mariane Ibrahim. L’artiste est à l’honneur de l’espace de la galerie à Mexico (jusqu’au 3 mai 2025).

Stand de la galerie Flore, Tefaf Maastricht 2025. Photo A.C.
Une grotte de céramiques à la Bernard Palissy à la galerie Flore
Provenance Rothschild pour onze céramiques (sur une vingtaine) exposées par la galerie Flore à Maastricht, au sein d’une superbe grotte de mousse conçue par le fleuriste Thierry Boutemy, qui a travaillé sur le film Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Au dos figurent les étiquettes de provenance Rothschild… mais aussi celles de saisies par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces plats décorés de l’École de Fontainebleau, par des suiveurs de Bernard Palissy, sont à saisir entre 8 000 et 50 000 euros.

Raphaël Durazzo sur son stand consacré à Hilla Rebay. Photo A.C.
Hilla Rebay à la galerie Raphaël Durazzo
Dans le secteur Focus, la jeune galerie parisienne participe pour la première fois à la Tefaf Maastricht, avec un solo-show consacré à Hilla Rebay. Cette peintre d’avant-garde joua un grand rôle à New York, en tant que directrice artistique de la Fondation Guggenheim. Intime de Solomon R. Guggenheim, elle influença la création du Guggenheim Museum avec Franck Lloyd Wright… Le galeriste a réuni une poignée d’œuvres de sa main, entre figuration et abstraction, entre moins de 20 000 euros et 200 000 euros. Christian Levett, collectionneur à la tête du musée privé FAMM (dédié aux artistes femmes) à Mougins, a craqué pour une œuvre dès l’ouverture de Tefaf. Le stand a reçu le prix JP Morgan du meilleur stand à la foire, un beau soutien !

Sébastien Carvalho, directeur de la galerie Mitterrand, devant Sin City Sag. Fuckhead Bubble-Gum, 1992, de Steven Parrino. Photo A.C.
La création française et américaine à la galerie Mitterrand
La galerie parisienne a composé un stand autour de créateurs principalement français et américains. L’inoxydable François-Xavier Lalanne est présent avec plusieurs pièces, dont deux petits singes affichés la somme conséquente de 3,5 millions d’euros. « Nous avons décidé d’élargir un peu notre propos avec Hartung et Soulages, et des Américains comme Steven Parrino, Richard Serra ou Ed Rusha », confie Sébastien Carvalho, directeur de la galerie. Et d’ajouter : « Sur les résultats d’Artprice, en volume des ventes d’art contemporain, Lalanne arrive en 10e position. Ses prix ne baissent pas, et sont hors des fluctuations du marché ».

Rebecca Sack, cofondatrice de Louis & Sack, sur leur stand à la Tefaf Maastricht. Photo A.C.
La modernité du Japon chez Louis & Sack
Après avoir exposé dans le « Showcase », le tremplin des jeunes galeries à la Tefaf Maastricht, la galerie parisienne accède au « saint des saints », le secteur principal de la foire néerlandaise. Pour marquer cet événement, elle a apporté un florilège de peintures japonaises de trois artistes établis à Paris réalisées entre les années 1950 et 1970 : Toshimitsu Imai dont l’une des œuvres est le clou du stand ; Hisao Domoto ; et enfin Key Sato. Prévoyez entre 30 000 et 220 000 euros, des prix encore doux pour des artistes dont la reconnaissance ne cesse de croître. La galerie publie un ouvrage inédit aux éditions Liénart sur l’influence de ces peintres sur l’art informel, l’action painting ou l’abstraction lyrique.
Tefaf Maastricht, jusqu'au 20 mars 2025, MECC, Maastricht, Pays-Bas, www.tefaf.com