Art Brussels 2025 réunit 165 galeries réparties en cinq sections, dont la principale, Prime, en compte 108 – soit près des deux tiers de l’offre totale. Ce secteur constitue la colonne vertébrale de la manifestation, celui des enseignes confirmées, qu’elles soient belges ou européennes. Certes, Art Brussels se veut une Foire internationale, néanmoins elle garde un fort tropisme européen, puisque moins de vingt participants sont issus d’autres continents. Cette orientation fait écho au paysage général des marchands dans la capitale belge, avec ses nombreuses galeries d’origine française, et plus particulièrement parisienne, mais aussi luxembourgeoise (Nosbaum Reding) ou italienne (Montoro 12, Rome). Ont également des antennes locales la Brésilienne Mendes Wood DM (et antérieurement Jaqueline Martins), ainsi que les Étatsuniennes Nino Mier et Gladstone.
Cette dernière – dont la fondatrice, Barbara Gladstone, est décédée en 2024 – a renoncé à cette édition d’Art Brussels, tout comme les Bruxelloises Alice Gallery et LMNO, qui inaugurent leurs nouveaux espaces à la même période. D’autres ont opéré des choix stratégiques différents comme Bernier/ Eliades (Athènes, Bruxelles), Christophe Gaillard ou Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles), qui ont privilégié la Brafa1 . Cette Foire se révèle être de plus en plus une concurrente d’Art Brussels, le marché n’étant pas indéfiniment extensible, d’autant que les deux événements se succèdent à trois mois d’intervalle.
Une nouvelle dynamique
Pour Nele Verhaeren, la directrice des Foires Art Antwerp et Art Brussels, après l’édition anniversaire de 2024 (en célébration de la 40e édition), « au cours de laquelle nous avions largement évoqué l’histoire d’Art Brussels, notamment avec le patchwork photographique “Memory Lane”, nous mettons cette fois l’accent sur une expérience renouvelée de l’événement, d’abord pour les visiteurs, mais aussi pour les participants. Il nous paraît essentiel d’établir une nouvelle connexion avec les principaux acteurs culturels de la capitale, de nous retrouver ensemble dans notre communauté artistique, autrement dit de faire également vivre la Foire extra-muros. » Et de préciser : « Ainsi les collaborations avec, entre autres, le WIELS, Bozar, KANAL – Centre Pompidou, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, me semblent devenues plus évidentes. J’ai ressenti une véritable volonté de coopération. »
Dans ce cadre, le Discovery Prize est relevé de 5 000 à 10 000 euros, permettant l’entrée d’une œuvre du secteur Discovery dans les collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles.
Par ailleurs, l’expérience du visiteur est renforcée grâce à une installation imaginée par Céline Condorelli (Galeria Vera Cortês, Lisbonne) à l’entrée de la Foire, « comme une mise en scène de style théâtral », indique Nele Verhaeren. Des sculptures sont disposées aux abords, sur le parvis du Palais 5 (le hall d’exposition), mais également, nouveauté, dans ses allées mêmes. Aussi est lancée « The Screen », une plateforme de projections vidéo avec des performances de courte durée « conçues spécialement pour Art Brussels, et dans lesquelles les spectateurs seront impliqués s’ils le désirent ».
Un accent sur les solo et duo shows
Au sein de sa sous-section Solo, qui l’enrichit et le renforce, le secteur Prime accueille plusieurs solo shows, sur des stands adjacents à ceux de leur galerie titulaire. Le Solo Prize, d’une valeur de 15 000 euros désormais, récompensera la meilleure proposition monographique de la Foire. Parmi les artistes belges mis en exergue, mentionnons Emmanuel Van der Auwera (Harlan Levey Projects), Marie Rosen (Rossicontemporary), Tapta (Maurice Verbaet) et le jeune peintre très prometteur Yann Freichels (Annie Gentils Gallery).
Ce principe des solo, parfois élargis à des duo shows, se retrouve dans le secteur Discovery, dévolu aux créateurs émergents et fort de 35 exposants. Si les présentations individuelles sont privilégiées, certaines galeries ont opté pour un dialogue entre deux artistes. Discovery constitue l’autre ADN d’Art Brussels. Son important renouvellement est l’un des atouts de la manifestation. C’est également le secteur le plus international : seules deux enseignes belges y ont été sélectionnées (FRED&FERRY, Anvers et Tatjana Pieters, Gand) et quatre françaises (22,48 m2 , Romainville ; Afikaris, Paris ; Claire Gastaud, Paris et Clermont-Ferrand ; et Romero Paprocki, Paris).
Il en va de même pour la section Invited, consacrée, elle, aux galeries ou structures émergentes n’ayant encore jamais participé à la Foire. Elles sont au nombre de sept : deux Parisiennes (Prima et Brigitte Mulholland), deux Belges (Beige, Bruxelles et Pizza, Anvers), une Lisboète (Artemis), une Londonienne (Night Café) et une New-Yorkaise (Nguyen Wahed). Celles-ci ont carte blanche pour organiser leur stand et se distinguent par leur programmation ou leur démarche « curatoriale ».
Enfin, et sur la lancée de l’édition anniversaire de 2024, la section Rediscovery s’intitule désormais « ’68 Forward ». Son objectif est de « célébrer la diversité, l’expérimentation et les mouvements novateurs qui ont défini l’art contemporain depuis le lancement d’Art Brussels en 1968 ». Quatorze galeries y participent à travers un programme axé lui aussi sur des présentations solo. Parmi celles-ci, on retiendra : le trop rare Wolf Vostell (1932-1998), auquel consacre un ensemble conséquent la Strasbourgeoise et primoparticipante EAST ; le peintre belge à tendance optique André Beullens (1930-1976), auquel il est enfin rendu hommage (galerie Laurentin, Paris, Bruxelles) ; ou encore la pionnière conceptuelle et performeuse polonaise Ewa Partum, aujourd’hui âgée de 80 ans (Ewa Opalka Gallery, Varsovie). L’Italie est bien représentée dans cette section, puisque l’enseigne parisienne Polka met en avant quatre photographes de renom (Franco Fontana, Berengo Gardin, Luigi Ghirri et Mario Giacomelli), tandis que des œuvres de Vincenzo Agnetti et Alighiero Boetti sont visibles sur le stand d’Erica Ravenna Gallery (Rome).
Face au contexte géopolitique international pour le moins chahuté, Nele Verhaeren se veut optimiste : « J’avais eu des craintes à l’occasion d’Art Antwerp, en décembre 2024, mais ce fut un grand et surprenant succès commercial. Les ventes étaient au rendez-vous, et cela a “boosté” la renommée de la Foire auprès des professionnels. J’espère qu’il en sera de même à Bruxelles. » Puis de poursuivre : « Le marché est certes difficile, mais nous mettons tout en place pour que l’événement fonctionne. Nous souhaitons que les gens se sentent à l’aise, qu’ils passent un très bon moment chez nous. Les galeries viennent avec de nombreuses idées ; nous les accompagnons de façon à dégager une énergie positive pour susciter l’intérêt des visiteurs et leur proposer la meilleure expérience possible dès leur entrée à la Foire. »
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Art Brussels, 24-27 avril 2025, Brussels Expo, Palais 5, place de Belgique 1, 1020 Bruxelles, Belgique, artbrussels.com