Il y a quarante ans jour pour jour aujourd’hui était élu François Mitterrand à la présidence de la République française. L’accession à la magistrature suprême du socialiste en ce 10 mai 1981 a constitué un tournant majeur – que l’on en soit un fervent partisan ou un critique virulent – pour la culture. Pour la deuxième fois sous la Ve République, la seule après le duo formé par le général de Gaulle et André Malraux, les hôtes de l’Élysée et de la Rue de Valois se donnaient l’ambition d’œuvrer main dans la main pour promouvoir, renforcer et réformer l’offre culturelle en France.
Travaillant en confiance avec François Mitterrand, disposant à la fois de temps et d’argent, Jack Lang a pu lancer de multiples projets, du Grand Louvre à l’opéra Bastille, de la Grande Bibliothèque à la Cité de la musique. C’est aussi structurellement que cette action a été fondatrice, avec la création de (feu) la délégation aux arts plastiques, la mise en place d’un maillage territorial de diffusion de l’art contemporain en lançant les Fonds régionaux d’art contemporain et en soutenant l’ouverture de centres d’art aux quatre coins du pays. Le champ de la culture a aussi été considérablement élargi, avec le soutien à la bande dessinée, la photographie, le design, la mode…, mais également avec l’organisation de grands événements populaires, comme les « Fêtes » de la musique ou du cinéma, ou la Ruée vers l’art. Cette politique flamboyante – qui constitue souvent encore notre paysage – n’a pas manqué de susciter des critiques, soulevant notamment la sempiternelle question d’un art officiel. Jack Lang a en effet essentiellement bénéficié de financements publics, sans peut-être suffisamment stimuler le mécénat. Ses successeurs – de droite – s’en chargeront, des dispositions adoptées en 1987 sous l’impulsion de François Léotard à la grande loi de 2003 de Jean-Jacques Aillagon, toujours en vigueur. À côté de Georges Pompidou (Centre Pompidou), Jacques Chirac (musée du quai Branly) et tout récemment Valéry Giscard d’Estaing (musée d’Orsay), François Mitterrand a donné son nom à la Bibliothèque nationale de France (Site Tolbiac). À quelles institutions pourra-t-on un jour associer Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron et leurs successeurs ? Nous avons vraiment changé d’époque.