Reconnu sur les plus grandes foires dans le domaine de la sculpture animalière, Xavier Eeckhout consacre jusqu’au 25 juillet 2023 une exposition singulière aux sculptrices de la première partie du XXe siècle, principalement françaises, suisses et belges. Une gageure quand on sait qu’elles ont dû batailler pour se frayer une place dans le parcours académique des artistes, qu’elles sont plutôt peu nombreuses et que leur production n’est pas toujours abondante ! Le marchand a donc réalisé un travail de fourmi pour réunir cet ensemble d’œuvres rares. Dans le catalogue de l’exposition, Aurélie Pagot fait référence à la création en 1881 de l’Union des femmes peintres et sculpteurs, à l’origine de l’ouverture de l’école des beaux-arts aux femmes, non sans mal. Seule alternative à l’époque : les académies privées telles l’Académie Julian ou celle de la Grande Chaumière…
« Il a fallu quatre ans pour réunir ces 21 œuvres une par une, confie Xavier Eeckhout. Nous nous sommes efforcés de nous concentrer sur des pièces très peu éditées, sachant qu’à part Josette Hébert-Coëffin, qui a eu des commandes de l’État, elles étaient rares à pouvoir en vivre ».
Parmi les pépites de l’exposition figurent une tête de lama par Josette Hébert-Coëffin, datant de 1943, « dont il n’existe que deux exemplaires en bronze, l’un se trouvant au musée des beaux-arts de Rouen et l’autre dans notre exposition », précise Xavier Eeckhout. La galerie présente aussi un exemplaire unique en grès issu de la manufacture de Sèvres. L’ânon de Jane Poupelet est très rare. Un chat et son chaton en granit noir de 1932 ont été réalisés par Sebir. Issue de la famille des fondateurs de Christofle, Antoinette Champetier de Ribes avait dû prendre un nom d’emprunt pour exercer. « Sa famille ne souhaitait pas qu’elle soit artiste. On ne connaît d’elle que des tailles directes en marbre ou en granit, elle n’a édité aucun bronze », explique Xavier Eeckhout.
Font aussi partie de la sélection une tête de chat persan par Marguerite de Bayser-Gratry, plâtre d’avant 1937. Des œuvres de cette artiste, reconnue de son temps, se trouvent dans des collections muséales comme La Piscine à Roubaix ou le Musée d’art et d’histoire Antoine Vivenel à Compiègne. Mais aussi un lapin d’Eugénie Shonnard, élève de Rodin et de Bourdelle, fonte Valsuani, ou un bouledogue de Madeleine Fabre, représenté en 1946 – l’un de ses animaux favoris. Un autre exemplaire de ce bronze avait été acquis en 1952 par l’État et figure dans les collections du Palais de l'Élysée. Un constat au vu de cette présentation : peu de femmes ont représenté des fauves, apanage masculin semble-t-il, des Rembrandt Bugatti, Roger Godchaux et autres Georges Guyot…
« Sculptrices », jusqu’au 25 juillet 2023, Galerie Xavier Eeckhout, 8 bis rue Jacques Callot, 75006 Paris.