La curatrice brésilienne Fernanda Brenner, directrice fondatrice de Pivô, un espace d’art à but non lucratif à São Paulo, avait invité six artistes réunis dans l’exposition « Do you believe in ghosts ? » qui se tient jusqu’au 28 octobre 2022. Selon elle, ce qui unit les artistes de l’exposition, c’est « la simple conviction que les fantômes existent ».
Eden Tinto Collins (née en 1991) et l’artiste brésilienne Ana Vaz (née en 1986) montrent tous deux des installations vidéo. A Pinch of Kola d’Eden Tinto Collins est une série en cours basée sur la vie de son alter ego, Jane Dark. Deux femmes parlent comme dans une sitcom du « Sour Toothverse », une version du métavers. Le film, plein d’esprit, passe de fausses scènes animées les montrant assises dans des chaises longues sur fond de montagne, plaisantant sur le "confort colonial", à d’autres personnages allumant des bougies votives et chantant dans des scènes réelles, dans une fusion du monde virtuel et de la réalité.
Le film en noir et blanc d’Ana Vaz, qui traverse Paris, parfois avec des images dramatiques à l’envers, a un caractère postapocalyptique inquiétant. Une voix masculine raconte comment, en l’absence d’humains, la ville est peuplée de singes et de chiens sous méthamphétamine. Dans une autre séquence, un travailleur de nuit dans une gare prédit avec morosité que la ville ressemblera à une ville-musée fantomatique (images de l’Arc de Triomphe et du siège du parti communiste conçu par Oscar Niemeyer) lorsque seuls les riches pourront se permettre d’y vivre.
Dès l’entrée de l’exposition, les visiteurs découvrent deux peintures de Pol Taburet. Né à Paris en 1997 de parents guadeloupéens, Taburet est connu pour sa pratique pluridisciplinaire, qui fusionne figuration et abstraction. Les œuvres frappantes exposées à la Fondation Ricard représentent des figures hybrides sur des fonds géométriques utilisant des aplats de noir et de violet.
Derrière un rideau se trouve l’installation multisensorielle de Sophie Bonnet-Pourpet née en 1988. Une odeur réconfortante et indéfinie émane de quatre armoires noires semi-circulaires qui se trouvent dans la pièce sombre. Sur les étagères de chacune d’entre elles se trouvent divers objets, pour la plupart noirs, dont des bougies, de petites éponges, des brosses et un encrier. Bien qu’ambiguë, l’œuvre suggère des activités nocturnes discrètes auxquelles les insomniaques pourraient s’adonner dans un état intermédiaire entre le sommeil et la conscience.
Dans la salle suivante se trouvent les propositions d’Anne Bourse et d’Ethan Assouline. La première, née en 1982, présente une série de sculptures composées d’étagères en plexiglas et de plaques de miroirs brillantes, dont certaines sont peintes en rose vif et psychédélique. Les surfaces sont recouvertes de rangées de textiles sur des matériaux de récupération et d’objets artisanaux rappelant des bracelets ou des montres. Incrusté de poussière et de copeaux, l’assemblage évoque les vestiges vernaculaires d’une boutique délabrée et dégage une légère aura de nostalgie.
Ethan Assouline, né en 1994, est un artiste multimédia dont la proposition parle de l’enfance, de la mémoire et de l’architecture. Les murs sont bordés de petites chaises d’enfant en contreplaqué sur lesquelles sont posés des vêtements, comme un haut à capuche vert, et de grands objets liés à l’affichage publicitaire ou au paysage urbain. L’installation semble aborder la question de la collision entre les éléments du monde adulte et les emblèmes de l’enfance.
« 24e Prix Fondation Pernod Ricard / Do You Believe in Ghosts ? », jusqu’au 28 octobre 2023, 1, cours Paul Ricard, 75008 Paris, www.fondation-pernod-ricard.com