Abonnements
Rechercher
ePaper
Newsletter
Profile
Sign in
Abonnements
ePaper
Newsletter
L'éditorial de la semaine
L'actualité des galeries
Expositions
Marché de l'art
Musées et Institutions
Cette semaine aux enchères
LE MENSUEL
L'éditorial de la semaine
L'actualité des galeries
Expositions
Marché de l'art
Musées et Institutions
Cette semaine aux enchères
LE MENSUEL
Rechercher
Disparition
Actualité

Mort du sculpteur américain Richard Serra

Le créateur d’œuvres monumentales en acier, lauréat du Lion d'or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise en 2001, est décédé à l'âge de 85 ans.

Anny Shaw et Stéphane Renault
27 mars 2024
Partagez
Richard Serra. Photo : Regina Kuehne. © AP Photo/Keystone

Richard Serra. Photo : Regina Kuehne. © AP Photo/Keystone

Richard Serra, l'artiste américain qui aimait « travailler à la limite du possible », créant des œuvres gigantesques en acier à l'échelle de monuments anciens, tels que Stonehenge ou les tombes égyptiennes, est décédé chez lui à New York. Il avait 85 ans.

Les œuvres en acier oxydé de Serra, qui lui ont valu d'être considéré comme le « meilleur sculpteur vivant », sont conservées dans de grandes collections du monde entier, notamment au musée Guggenheim de Bilbao, où son œuvre circulaire de 1 034 tonnes, The Matter of Time (2005), occupe le hall principal. D'autres pièces ont été commandées et créées pour des espaces extérieurs : le désert de Dukhan au Qatar, des places à Londres et à New York, et même au sommet d'une montagne artificielle de déchets miniers à Essen, dans le centre de l'Allemagne, entre autres.

Né à San Francisco en 1938, Serra a été exposé dès son enfance à des matériaux tels que l'acier industriel laminé à froid. Son père, qui avait émigré d'Espagne, travaillait comme tuyauteur dans un chantier naval ; sa mère était la fille d'immigrants juifs d'Odessa. Dans un entretien accordé en 2001 à l'ancien journaliste et animateur de talk-show Charlie Rose, Serra a raconté comment son père l'avait emmené sur le chantier naval le jour de son quatrième anniversaire pour assister au lancement d'un navire. C'est à cet âge que le futur artiste a eu l'intuition qu'« un objet aussi lourd pouvait devenir léger, qu'un tel tonnage pouvait devenir lyrique ».

Sculpteur dans l'âme, Serra a d'abord étudié la littérature anglaise à l'université de Santa Barbara, travaillant dans des aciéries pour financer ses études. C'est l'un de ses professeurs de littérature qui lui a suggéré d'étudier les beaux-arts après avoir vu ses dessins. Il obtient ainsi une bourse pour étudier à l'université de Yale, où il côtoie des peintres tels que Brice Marden, Chuck Close, Robert Mangold et Nancy Graves, avec laquelle il a été marié pendant une courte période.

Après un séjour à Paris où il se rend presque quotidiennement dans l'atelier reconstitué de Constantin Brancusi, Serra s'installe à New York. C'est là qu'il commence à expérimenter d'autres matériaux, réalisant des sculptures en caoutchouc et en plomb fondu. Le célèbre marchand Leo Castelli le représente à partir de 1966, mais Serra refuse de produire des œuvres faciles à vendre, préférant réaliser des pièces de plus en plus grandes. L'artiste refuse également d'être affilié à un mouvement particulier, émergeant dans le sillage du Minimalisme.

Malgré sa stature et son succès – il a remporté le Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise en 2001 –, la cote de ses œuvres en ventes publiques n'a pas atteint des sommets stratosphériques, avec un record de 4,3 millions de dollars (3,97 millions d’euros), ce qui n'est pas vraiment surprenant compte tenu de la nature complexe de sa pratique.

Sa carrière n'a pas été exempte de controverses. En 1975, un grutier est mort écrasé lorsqu'une partie d'une de ses œuvres installée au Walker Art Center de Minneapolis s'est accidentellement détachée. Une enquête a révélé que le grutier n'avait pas suivi correctement les instructions, ce qui a mis un terme aux appels de personnalités du monde de l'art demandant que Serra cesse de réaliser de telles sculptures. Il n'a pas connu le même succès en 1985, lorsqu'une pétition publique visant à retirer Tilted Arc (1981) d'une place de New York a donné lieu à une plainte, le public considérant que l'œuvre représentait un danger pour les yeux et la santé. Serra a ensuite perdu son procès intenté au gouvernement américain. L'œuvre a été retirée en 1989.

De telles critiques étaient toutefois minoritaires et la popularité de Serra n'a cessé de croître. Outre le Lion d'or, il a été récompensé tout au long de sa vie pour sa contribution aux arts par des prix prestigieux décernés par les gouvernements japonais, français, allemand et américain. L'audace et la monumentalité de son œuvre assurent sa postérité. Comme l'artiste l'a déclaré lui-même : « Si vous apportez une quelconque contribution, il est très difficile de prédire ce qui va durer et ce qui ne durera pas. Disons simplement que ce type de travail signifie qu'il y a une chance. »

Lors de l’édition de Monumenta en 2008, il avait investi la nef du Grand Palais, à Paris, avec sa pièce Promenade, cinq plaques d’acier hautes de dix-sept mètres sur quatre de large et d’un poids de 75 tonnes chacune, dressées à intervalles réguliers sur l’axe long de l’édifice. Sa sculpture Clara-Clara, du nom de sa femme – des feuilles d'acier corten courbées, posées comme deux parenthèses, – a été installée dans le jardin des Tuileries la même année. Son Octagon for Saint-Éloi, un monument plein et massif de près de 57 tonnes en acier, trône depuis 1991 sur la place de l’église du village de Chagny (Saône-et-Loire).

« Nous nous sommes connus très tôt, dans les années 1960, puis revus par la suite, notamment à New York et Paris, témoigne l’artiste Bernar Venet. C’est un géant de l’art minimal, et plus largement de l’histoire de l’art. Il était connu pour avoir une personnalité difficile, mais il possédait une véritable culture artistique, très profonde. Une fois, nous étions plusieurs artistes invités à Lodz, en Pologne – il y avait avec nous Carl Andre, Sol LeWitt… Il m’avait impressionné au dîner par sa connaissance de El Lissitzky. Une autre fois, dans l’avion vers New York, Ellsworth Kelly m'a raconté que Richard Serra lui avait dit : ''Je te déteste, chaque fois que je fais un dessin, tu es déjà passé par là ! '' Richard Serra n’était pas un grand inventeur de forme, si on le compare à Donald Judd ou Dan Flavin, qui sont allés beaucoup plus loin. Il est resté dans une tradition, mais ses œuvres monumentales en acier possèdent une incroyable puissance. Il avait le sens de la puissance de la matière. »

DisparitionRichard SerraSculptureArt américainMinimalismeBernar Venet
Partagez

À lire également

DisparitionActualité

Le peintre américain Frank Stella est mort

L’un des principaux artistes abstraits de sa génération est décédé le 4 mai 2024 à son domicile de New York, à l’âge de 87 ans. Minimaliste dans les années 1960 avec sa série phare des « Black Paintings », Stella a ensuite réalisé des œuvres aux couleurs vives, des peintures en relief, des sculptures monumentales et des projets avec des architectes.

Louis Jebb et Stéphane Renault
DisparitionActualité

Disparition de l’artiste minimal Carl Andre

Le sculpteur américain s’est imposé dans le monde de l’art new-yorkais dans les années 1960. Il est décédé à Manhattan le 24 janvier 2024, à l’âge de 88 ans.

Wallace Ludel
DisparitionActualité

Disparition de l’artiste féministe Juanita McNeely

Décédée à l’âge de 87 ans, l’artiste avait évoqué dans ses œuvres son expérience du cancer et d’un avortement illégal. Ses œuvres sont actuellement présentées dans l’exposition « Venus Unchained » à la galerie Natalie Seroussi à Paris.

Wallace Ludel
Abonnez-vous à la Newsletter
Informations
À propos du groupe The Art Newspaper
Contacts
Politique de confidentialité
Publications affiliées
Cookies
Publicité
Suivez-nous
Facebook
Instagram
Twitter
LinkedIn
Ce contenu est soumis à droit d'auteurs et copyrights