C’est une figure clé du Centre Pompidou et un éminent homme de musées qui s’est éteint le 3 avril 2024. Né à Québec en 1939, Germain Viatte a en effet été au cœur de cette institution française visionnaire dès ses prémisses, participant à « l’aventure extraordinaire qui a abouti à la création de ce lieu unique et, au-delà, de cet état d’esprit qui a perduré depuis 1977 et fait encore la spécificité du Centre aujourd’hui », a souligné le Centre Pompidou. « Avec la disparition de Germain Viatte, le monde de l’art perd l’une de ses figures les plus marquantes, et le Centre Pompidou, non seulement un grand directeur du musée national d’Art moderne, mais également l’un de ses fondateurs », a déclaré Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou.
Diplômé es lettres de la Sorbonne et passé par l’École du Louvre, Germain Viatte entre à la Direction des musées de France pour devenir inspecteur des musées de province, de 1963 à 1965. Il sera ensuite inspecteur principal des Beaux-Arts. Sa spécialisation dans l’art contemporain l’amène à devenir secrétaire général du Centre national d’art contemporain (CNAP) qu’il participe en 1970-1972 à porter sur les fonts baptismaux. « Au Service de la création artistique dès 1965, amené à devenir le FNAC [Fonds national d’art contemporain], alors que la création du CNAC préparait le futur Centre Georges Pompidou, tu y avais fait un travail remarquable pour repérer les pièces récentes de maîtres de l’après-guerre, français ou étrangers, qui n’étaient pas ou peu représentées dans les collections publiques, tout en participant activement à la politique de commande publique des 1 % », a commenté la galeriste Véronique Jaeger, insistant entre autres sur le rôle qu’il a joué pour faire entrer dans les collections du Centre Pompidou des œuvres majeures de Dubuffet, notamment du cycle de l’Hourloupe, mais également son vif intérêt pour les arts premiers dès les années 1960…
C’est en 1973 que Germain Viatte rejoint la préfiguration du Centre Pompidou, étant pendant deux ans directeur de la documentation. Suivant toute la gestation du lieu qui ouvrira ses portes en 1977, il devient conservateur (1975-1984) au musée national d’Art moderne, sous la houlette de son premier directeur, le Suédois Pontus Hultén. Pendant cette période, il sera notamment le commissaire de l’exposition événement « Paris-Paris » en 1981.
C’est un nouveau chapitre-là aussi muséal qui s’ouvre pour lui en 1985 quand Gaston Defferre, le maire de Marseille, l’appelle pour créer la direction des musées de Marseille, ville où il créera le Musée d’arts africains, océaniens et amérindiens de la Vieille Charité. Il sera ensuite nommé inspecteur général des musées de France et chef de l’inspection générale des musées.
En 1991, il fait son retour au Centre Pompidou, cette fois en tant que directeur des collections permanentes puis directeur, et ce jusqu’en 1997, assurant la présidence à partir de 1994. Familier des arts « extra-européens » et en particulier dits « premiers » depuis ses fonctions à Marseille, c’est dans ce domaine qu’il exercera ses derniers postes. Il rejoint ainsi le musée du quai Branly en 1997, en tant que directeur du projet muséologique, avant de prendre la direction deux ans plus tard du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie du Palais de la Porte dorée, intégré ensuite au musée du quai Branly. En 2005, il devient conseiller auprès du président du nouveau musée parisien dédié aux arts premiers.
Le Centre Pompidou a annoncé qu’il rendrait prochainement hommage à Germain Viatte, en collaboration avec le musée du quai Branly - Jacques Chirac.