Un roi venu du froid
Lors d’un inventaire chez un collectionneur d’art de la Haute Époque, l’expert Benoît Bertrand découvre un objet rare sur un marché dominé en grande partie par l’art religieux : un roi, pièce maîtresse d’un jeu d’échecs roman. En 1881, on découvre un véritable trésor sur l’île de Lewis, en Écosse. Un ensemble de 59 pièces d’échecs, roi, reines, fous, cavaliers, gardiens et pions, conservées aujourd’hui au British Museum et au National Museum of Scotland. Les recherches archéologiques ont permis d’établir que ces objets proviennent d’un atelier de tabletier, situé dans la ville de Trondheim en Norvège. « Notre Roi, estimé entre 30 000 et 50 000 euros, est issu du même corpus que celui de Lewis, souligne l’expert. Les artisans sculpteurs ont transformé les défenses de morses en des objets raffinés et précieux. Les motifs décoratifs, emblématiques de l’art roman nordique sont déployés sur le dos du trône. Il est aussi amusant de constater que ce roi est vêtu d’un manteau traditionnellement réservé aux reines, ce qui le rend encore un peu plus exceptionnel ! ».
« Haute Époque », mardi 28 mai 2024, Coutau-Bégarie & associés, Drouot, 75009 Paris.
Martial Raysse, humour et pop art
Lorsqu’en 1963 il réalise J’aime beaucoup ce tableau (est. 80 000-140 000 euros), Martial Raysse vit depuis un an à Los Angeles. Proche de Pierre Restany et des Nouveaux Réalistes, il est séduit par l’esthétique et la démarche profondément moderne du pop art. Il noue de fortes amitiés avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein ou Tom Wesselmann, mais son intuition le pousse à s’éloigner de la Factory de New York pour poursuivre son chemin vers le soleil californien. Il inaugure alors sa série des « Tableaux horribles », qui marquent son désir de rester à la marge des principaux courants artistiques. Lors de la rétrospective de Martial Raysse organisée en 2014 par le Centre Pompidou, la préface du catalogue insiste sur son humour caustique qui transgresse « les canons de la beauté pour rejoindre les rives du mauvais goût. » Deux œufs au plat et une tranche de bacon composent le tableau et évoquent le petit-déjeuner servi dans les Diners américains. La fourchette qui les transperce rageusement semble tout à coup donner corps à la scène et transforme le plat en une sorte d’oiseau au grand bec, un goéland au regard effaré, tout droit sorti d’un cartoon de Tex Avery.
« Art moderne et contemporain », mardi 28 mai 2024, Digard Auction, Drouot, 75009 Paris.
Auteurs consacrés de bandes dessinées chez Tessier & Sarrou
Le Centre Pompidou le mardi 28 mai 2024 une vaste exposition sur « La bande dessinée, 1964-2024, la folle épopée du neuvième art » dédiée aux auteurs qui ont marqué l’histoire de ce médium. Cet événement, qui consacre définitivement la BD, explore toute la richesse narrative et picturale d’un genre dont le potentiel créatif semble sans limite. École franco-belge, romans graphiques, mangakas japonais ou auteurs de comics américains, tous auront leur place dans cette exposition réalisée en partenariat avec le Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture (Landerneau). Passionné et grand collectionneur de bandes dessinées, Michel-Édouard Leclerc aura peut-être envie d’étoffer son catalogue l’enchérissant lors de la vente de dessins et planches originales organisée par Tessier & Sarrou vendredi 31 mai à Drouot. Les experts Alain Huberty et Marc Breyne ont privilégié les auteurs européens, même si le premier lot de la vacation propose une encre de chine sur papier issue de la série des Walking Dead de Charlie Adlard (est. 600-900 euros). Parmi les pièces phares, un dessin de Nicolas de Crécy, estimé entre 2 000 et 3 000 euros, ou une encre de couleur pour la planche V de Jeremiah - Le Cousin Lindford par Hermann (est. 5 000-6 000 euros).
« Originaux de bandes dessinées », vendredi 31 mai, Tessier & Sarrou et associés, Drouot, 75009 Paris.