Fraises ou melon ? C’est en pleine semaine d’Art Basel en Suisse, l’un des moments phares de l’année pour l’art contemporain, qu’un tableau ancien datant du XVIIIe siècle a battu des records aux enchères à Paris. Melon entamé, une nature morte de saison par Jean Siméon Chardin (1699-1779) s’est envolée jusqu’à 26,7 millions d’euros avec les frais, pulvérisant le 12 juin chez Christie’s son estimation de 8 à 12 millions d’euros. Il s’agit d’un record pour l’artiste, qui détrône le Panier de fraises des bois, vendu chez Artcurial en 2022 pour 24,3 millions d’euros et acquis par le musée du Louvre. C’est aussi le tableau français du XVIIIe siècle le plus cher au monde vendu aux enchères. Le Melon, qui bénéficiait d’un certificat de libre circulation des biens culturels (CBC), aurait pu partir au Moyen-Orient, en Asie ou encore aux États-Unis. C’est finalement un collectionneur européen qui a jeté son dévolu sur ce tondo ovale datant de 1760.
Cette appétissante nature morte était dans la famille Rothschild depuis un siècle et demi. Auparavant, elle se trouvait dans celle, remarquable elle aussi, de la famille Marcille, qui possédait quelque trente œuvres de Chardin. Les familles Rothschild et Marcille avaient en effet en commun cette passion pour la peinture ancienne et en particulier pour Chardin. Le Melon était mis en vente par les descendants de la baronne Nathaniel de Rothschild (1825-1899).
L’œuvre avait été présentée par le peintre au Salon de peintures et de sculptures de 1761 aux côtés de son pendant, Le bocal d’abricots– aujourd’hui conservé à la Art Gallery of Ontario à Toronto – et… du célèbre Panier de Fraises.