Créé en 1946 par les chefs d’entreprise du commerce, des services et de l’industrie soucieux du bien-être de leurs employés, à un moment où le pays sort progressivement de l’agriculture pour entrer dans l’industrialisation, cet organisme privé à but non lucratif et d’intérêt public couvre les 26 États et le district fédéral de Brasilia. L’idée de départ, toujours d’actualité, est de contribuer, d’une part, au bien-être des employés du secteur tertiaire, et de promouvoir, d’autre part, le développement dans le domaine de la culture, de l’éducation, du sport, des loisirs et de la santé.
Les SESC du réseau peuvent ainsi tout autant abriter une scène de théâtre qu’un cybercafé, une salle d’exposition, une salle de sport ou un cabinet médical. Le tout est financé par un prélèvement très conséquent : une taxe parafiscale obligatoire de 1,5 % de la masse salariale des entreprises de ce secteur. Le SESC s’est d’abord concentré sur le volet strictement social de sa mission, suppléant un État providence inexistant jusqu’à la fin des années 1970 (par le lancement de programmes sociaux et de protection de la santé des travailleurs), mais s’est ensuite largement consacré, notamment depuis le retour à la démocratie en 1985, à la promotion de la culture : démocratisation de l’accès à la culturepour des publics modestes et défense de l’identité et la diversité culturelle du pays en finançant et en montrant des formes d’expression culturelles populaires. Les SESC essaient de combler certains manques – publier des livres qui ne le sont pas par ailleurs en est un exemple.
Afin de garantir la pérennité de ce système, le gouvernement a rendu la taxe obligatoire pour toutes les entreprises de ces secteurs et en a inscrit le principe dans la constitution. Incapable de financer et de développer seule une politique publique de cette envergure, le gouvernement reçoit ces fonds du SESC, qui représentent rien moins que 3 % du budget national. Le SESC étant une institution fédérale, tous les États du Brésil doivent avoir au moins une antenne locale, les administrations étant régionales. Afin de compenser les disparités de budget entre les États, un fonds commun correspondant à 20 % du budget de chaque État est mis en place. Les États les moins développés en termes de commerce et d’industrie – l’Amazonie, le Mata Grosso par exemple – peuvent alors développer leur propre action.
Capitale économique du Brésil, São Paulo est de loin l’État brésilien le plus riche et donc comptant le plus de SESC – 43 antennes et 12 autres actuellement en construction, 8 000 employés et 40 millions de visiteurs annuels. Les bâtiments font l’objet de concours architecturaux. Les plus connus sont le SESC Pompeia conçu par Lina Bo Bardi en 1982 et le SESC 24 de maio construit en 2017 par Paulo Mendes da Rocha, deuxième architecte brésilien à avoir reçu le prestigieux « Nobel de l’architecture », le prix Pritzker en 2006 (après Oscar Niemeyer en 1988). Les collaborations avec les institutions internationales pour les expositions sont nombreuses, la France étant un partenaire privilégié – Jeu de Paume, Universciences, Cité de la Musique ou encore Philharmonie de Paris. Quelques œuvres de la collection du SESC sont ainsi prêtées cet été à la Biennale de textile (FITE) au musée Bargoin à Clermont-Ferrand. Car le SESC de São Paulo possède une importante collection d’art brésilien exposée dans les différentes antennes de la ville.
Enfin, le système du SESC ne doit pas être confondu avec la loi Rouanet, un dispositif fiscal très avantageux, inscrit dans la loi brésilienne en 1991, qui permet aux particuliers et aux entreprises de déduire partiellement ou totalement de leurs impôts les sommes investies dans un projet culturel approuvé par le ministère de la Culture.