C’est un président d’honneur prestigieux qui veille sur le Parcours des Mondes 2024 : Marc Ladreit de Lacharrière. À l’accoutumée, le milliardaire préside Fimalac, une holding qui s’est notamment développée dans les secteurs de la chimie et la pétrochimie. Mais les arts africains et océaniens restent l’une de ses passions cardinales. En 2018, il faisait ainsi don à l’État français de trente-six pièces de sa collection (évaluées à hauteur de 50 millions d’euros), un ensemble exceptionnel aujourd’hui présenté au musée du quai Branly – Jacques Chirac, à Paris, dans un espace permanent conçu par Jean Nouvel. « Je n’ai jamais rien vendu, ni en arts premiers ni mes tableaux, et ça aurait été dommage de briser cette collection à ma disparition. Les œuvres, on n’en est jamais que le détenteur », confie Marc Ladret de Lacharrière. Une initiative rare quand tant de collections d’arts africains finissent sous le marteau...
Une mission patrimoniale
Depuis quelques années, au nom du musée du quai Branly a été accolé celui de Jacques Chirac. L’ancien président de la République a beaucoup fait pour la reconnaissance de cette spécialité, mais a aussi joué un grand rôle dans l’initiation de Marc Ladreit de Lacharrière aux arts premiers. Volontiers caustique envers certains présidents, l’homme d’affaires voue une affection particulière à Jacques Chirac, dont il se remémore les fréquentes visites dans son bureau, où il ne se lassait pas de caresser sa Pileuse de mil, pièce dogon « symbole de vie » et illustration du rôle de la femme dans les sociétés humaines. Une œuvre emblématique de sa collection, acquise il y a très longtemps auprès de la marchande Hélène Leloup.
« Je suis un disciple de Jacques Chirac sur le dialogue des cultures », explique Marc Ladreit de Lacharrière. C’est en effet dans cet esprit qu’en 2007, il est chargé par Jacques Chirac de présider l’agence France Muséums, l’établissement préparant le Louvre Abu Dhabi. C’est ainsi qu’avec Jacques Chirac et Stéphane Martin, alors à la tête du musée du quai Branly, le projet d’un Louvre miniature a évolué vers celui d’un musée universel...
Aujourd’hui, l’homme d’affaires veut pérenniser les expositions temporaires d’art contemporain qu’il soutient au musée du quai Branly, dans la galerie qui porte son nom, et aimerait proposer deux expositions annuelles. Ce grand mécène, qui aide aussi le musée du Louvre, veut par ailleurs « aller dans les angles morts de l’État ». À travers la Fondation Culture & Diversité que dirige sa fille Éléonore de Lacharrière, il a amené « plus de 50 000 jeunes » défavorisés vers la culture et ses métiers. C’est l’une de ses nombreuses actions de mécénat, avec entre autres le prix de Photographie qui porte son nom et celui de l’Académie des beaux-arts dont il est membre. « L’État a de moins en moins la possibilité d’assurer sa mission régalienne de maintien du patrimoine et de la culture, un éloignement culturel financier de la France qui justifie que le mécénat privé prenne de l’importance », soutient-il.
En attendant, il continue d’acheter des pièces africaines et océaniennes de qualité muséale, sur proposition de marchands, parfois jadis de collectionneurs eux-mêmes, comme les Barbier-Mueller, ou plus rarement aux enchères... Verra-t-on un jour aussi ces dernières au musée du quai Branly ?