À chaque année ses changements. Hier, c’était un nouveau nom. Aujourd’hui, c’est un nouveau lieu, et pas des moindres : FAB Paris – ex-Fine Arts Paris & La Biennale – ouvre ses portes du 22 au 27 novembre 2024 dans l’espace beaucoup plus spacieux et lumineux du Grand Palais. Les attentes sont élevées pour ce Salon – né en 2022 de la fusion de Fine Arts Paris et La Biennale des Antiquaires –, qui se doit d’être à la hauteur de ce « lieu mythique », comme le souligne Louis de Bayser, président de FAB Paris, et bien que la Biennale des Antiquaires (créée en 1956) se soit déjà tenue jadis dans cet écrin.
Et si tous les sites d’accueil de foires ne revêtent pas une telle importance, celui-ci place la barre très haut. « Le Grand Palais en impose. Chaque participant bénéficie d’un espace d’exposition plus vaste, et tous ont redoublé d’efforts dans leurs propositions », indique Louis de Bayser. Le marchand de dessins anciens évoque même une stratégie pour s’adapter à cet environnement où la verrière et la lumière naturelle sont omniprésentes, contrastant avec l’atmosphère intime et accueillante recherchée pour la Foire, dont les stands sont souvent inspirés des cabinets de curiosités. Pour préserver cette ambiance chaleureuse, des velums sont installés sur tous les stands, une solution permettant de recréer les scénographies inventives auxquelles la Foire nous a habitués, mais aussi de protéger les pièces présentées.
UN « MÉLANGE DES GENRES »
Pour cette édition 2024, seule la nef du Grand Palais est occupée, cela par quelque cent galeries - un nombre stable -, dont un quart des nouveaux exposants et un tiers de marchands étrangers venus de neuf pays différents. L'objectif est de « renforcer le salon dans les catégories déjà présentes », précise Louis de Bayser, satisfait de la qualité des propositions et de la diversité des participants. Cette richesse est l’un des traits distinctifs de FAB Paris, qui offre un panorama allant de l’Antiquité à l’art contemporain.
Parmi les fidèles, on retrouve la galerie de Jonckheere (Genève), spécialisée dans les maîtres flamands, laquelle dévoile Paysage d’hiver avec patineurs (fin XVIe-début XVIIe siècle) de Pieter Brueghel le Jeune. Laocoon Gallery/Galleria W. Apolloni (Londres, Rome) présente Les Quatre Saisons Santacroce (vers 1640-1645) de Francesco Albani, dont une autre version est conservée au musée du Louvre, à Paris. Le secteur Fine Art accueille également des enseignes comme Sismann (Paris), Franck Anelli Fine Art (Crépy-en-Valois) et Brun Fine Art (Londres).
Du côté de l’art moderne, on peut découvrir sur le stand de la galerie Hélène Bailly (Paris) une Étude de personnages. Hommage à Degas, une encre et lavis sur papier de Pablo Picasso datée de 1967. Alexis Pentcheff (Marseille) montre deux paysages urbains de Bernard Buffet, tandis que David Lévy (Bruxelles, Paris) expose une édition de L’Âge d’airain (1877) d’Auguste Rodin, sculpture célèbre pour le scandale qu'elle provoqua, à l'époque, en raison de son réalisme saisissant*1.
La galerie internationale Almine Rech et Jousse Entreprise (Paris) enrichissent le secteur contemporain et design. Cette dernière propose la bibliothèque Mexique (1952) de Charlotte Perriand. Figurent aussi les enseignes Tarantino (Paris) et Arteas Ltd (Londres) pour les antiquités, les Parisiennes Monbrison et Schoffel de Fabry pour les arts d’Afrique et d’Océanie, Lydia Courteille et Walid Akkad pour les bijoux, Arts & Autographes et Librairie Benoît Forgeot pour les livres rares… Il faut « garder un circuit et un mélange des genres au fur et à mesure des stands afin de surprendre le collectionneur et attirer son regard », affirme le président de FAB Paris. Et d’ajouter : « La qualité fait l’homogénéité. »
RETOUR EN GRÂCE DU XIXe SIÈCLE
Papiers peints élégants, stands en marqueterie, lumière tamisée… avant même de s’attarder sur les oeuvres, la Foire se distingue par une scénographie de haut vol, orchestrée par l’architecte d’intérieur Sylvie Zerat, en collaboration avec la maison de textile Dedar. La mise en scène « s’ouvre sur un monumental cabinet de curiosités », précisent les organisateurs de FAB Paris.
Cette « ambiance XIXe siècle » se retrouve du côté du secteur Jeunes Talents, renouvelé pour cette édition, qui accueille des marchands installés depuis moins de cinq ans et présentant jusqu’à deux objets à moins de 25 000 euros – une sélection opérée par trois commissaires, dont Carole Blumenfeld, contributrice à The Art Newspaper édition française. Cet espace est scénographié par le jeune décorateur Victor Bonnivard, au goût particulièrement porté sur le XIXe siècle et l’époque romantique. Parmi les primoparticipants de cette « vitrine », l’Américain Cole Myers expose une série de quatre fauteuils en palissandre attribués à la maison d’ébénistes Jeanselme, datés de 1835 environ. Caroline Thieffry, laquelle a fondé sa galerie Artwins, à Paris, en 2021, s’inscrivant dans cette veine « fin de siècle », est aussi présente au sein de ce secteur.
Une nouvelle génération de galeristes permet de faire redécouvrir cette époque aux côtés d’enseignes plus établies telles que les parisiennes Terrades, de Bayser, Chaptal, Ary Jan et la bruxelloise Lancz Gallery, ou encore Steinitz et Pascal Izarn (Paris) pour les arts décoratifs. À l’exemple du Cabinet Turquin, lequel a également étendu son expertise aux oeuvres du XIXe siècle, les artistes de cette période éclectique méritent bien toute notre attention.
*1 Ce réalisme en a conduit certains à accuser Auguste Rodin d’avoir moulé directement sur le corps de son modèle.
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FAB Paris, 22-27 novembre 2024, Grand Palais, avenue Winston- Churchill, 75008 Paris, fabparis.com