C’était une décision attendue après la réouverture de Notre-Dame de Paris, à l’issue d’un chantier mené tambour battant pour reconstruire le chef-d’œuvre d’architecture gothique médiévale, dévasté par un incendie en 2019. Après plusieurs mois de suspens – et une pétition d'opposants au remplacement des verrières d’origine concernées, ayant survécu à l’incendie, par une création contemporaine – le comité artistique présidé par Bernard Blistène, ancien directeur du Musée national d'Art moderne au Centre Pompidou, a retenu la plasticienne française Claire Tabouret, 43 ans, avec l’atelier du maître-verrier Simon-Marq pour la réalisation de nouveaux vitraux dans six chapelles du bas-côté sud de la nef de la cathédrale. Ces derniers doivent être installés fin 2026 à la place de baies conçues par l’architecte du XIXe siècle Eugène Viollet-le-Duc, qui seront démontées.
Le président de la République Emmanuel Macron et l’archevêque de Paris Laurent Ulrich ont donné un avis favorable à ce choix. « Il leur a paru répondre pleinement à leur intention et se situer à la hauteur de ce que réclame la cathédrale, tant par la très grande qualité artistique de la proposition et son insertion architecturale – tout particulièrement son adéquation avec le vitrail représentant l’arbre de Jessé (1864), présent dans l’une des chapelles du même bas-côté de la nef, qui demeurera en place – que par le respect du programme figuratif choisi par le diocèse de Paris relatif à la Pentecôte », précise le communiqué publié par l’Élysée le 18 décembre, qui ajoute : « Cette création représente une surface de 121 m2 sur les 2 500 m2 de verrières du Moyen Âge au XXe siècle que compte la cathédrale. Ce choix et la poursuite du projet marquent le soutien de l'État à la création artistique et la confiance accordée à une artiste reconnue. »
Le projet de Claire Tabouret avec l’atelier Simon-Marq a été sélectionné parmi ceux des candidats en lice, auditionnés dans la dernière ligne droite. Remis le 4 novembre, les dossiers ont été examinés à l’issue de la deuxième phase de la consultation engagée par la ministre de la Culture en mars 2024 pour la création de ces vitraux contemporains.
Huit artistes, chacun associé à un atelier verrier, étaient retenus parmi les finalistes : Jean-Michel Alberola, Daniel Buren, Yan Pei-Ming, Gérard Traquandi, Christine Safa, Flavie Serrière Vincent-Petit, Claire Tabouret et Philippe Parreno – ce dernier s’étant retiré.
À partir de la passation du marché par l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, six mois d’étude sont prévus et de l’ordre d’un an et demi de réalisation. Le projet sera présenté à la commission nationale de l’architecture et du patrimoine afin de recueillir son avis dans le courant du printemps 2025, dès que l’état d’avancement des études le permettra. Les vitraux devraient être installés en fin d’année 2026.
« « Dans une époque comme la nôtre marquée par les guerres, les divisions et les tensions extrêmes, cette opportunité de mettre mon art au service de l’unité à travers le thème de la Pentecôte est une magnifique main tendue, a déclaré Claire Tabouret. J’ai considéré le chemin du visiteur comme un voyage profondément personnel et spirituel à travers Notre-Dame. Il me semble essentiel de créer des vitraux qui auront une présence juste, accompagneront ce déplacement dans l’espace et interviendront comme un soutien visuel au voyage intérieur, mais sans s’imposer aux visiteurs. »
Fondé en 1640, l’atelier Simon-Marq a restauré de grands ensembles de vitraux, notamment la Rose Nord de la cathédrale Notre-Dame de Reims du XIIIe siècle, ceux de la Basilique Saint-Rémi de Reims du XIIe siècle ou ceux de Valentin Bousch, du XIVe siècle, à la Cathédrale de Metz. Cette lignée familiale d’illustres maîtres-verriers a fait évoluer l’art du vitrail, au fil des générations, depuis bientôt 400 ans. Dès les années 1950, l’atelier a mis son savoir-faire au service d’artistes contemporains renommés, tels Marc Chagall ou Joan Miró.