Malgré toute la détermination et la pression de Rachida Dati auprès de Matignon, cherchant jusqu’à la dernière minute des arbitrages en sa faveur, le budget de la Culture va baisser pour la première fois depuis 10 ans. Le projet de lois de finances pour l’année 2025, qui a été définitivement adopté jeudi 6 février au matin, après un vote à la majorité au Sénat, comprend en effet une amputation de 150 millions d’euros par rapport à 2024. L’enveloppe globale pour la Culture reste légèrement en dessous de 4 milliards d’euros. La Rue de Valois n’a donc pas réussi à échapper à l’austérité souhaitée par le Premier ministre François Bayrou, qui a élaboré un budget prévoyant des économies de 50 milliards d’euros, pour ramener en 2025 le déficit public à 5,4 % du PIB. Concrètement et malgré la volonté de la ministre d’en faire l’une de ses priorités, le patrimoine va payer un lourd tribut, avec une baisse de crédits de 200 millions d’euros. Parmi les autres coups de rabot figure la ligne « transmission des savoirs et la démocratisation de la culture », avec une baisse de 20 millions d’euros. Pourtant annoncé à la mi-janvier par Rachida Dati devant les sénateurs lors de la discussion budgétaire, le fonds d’urgence « ne sera pas mis en place » a finalement fait savoir le ministère vendredi 7 février. Ce dispositif devait prendre la forme d’un « fonds exceptionnel au profit des situations les plus critiques pour la création artistique dans les territoires ». Sa dotation de 40 millions d’euros sera néanmoins conservée et affectée « au bénéfice des politiques publiques » culturelles dans le domaine de la création, « notamment dans les territoires », a fait savoir la Rue de Valois.
Autre dispositif dont les crédits vont baisser, le Pass Culture, très vertement critiqué par la Cour des comptes, va voir l’enveloppe réservée à sa part collective – qui permet aux établissements scolaires de financer des projets culturels – chuter de 97 à 72 millions d’euros. Il a été décidé de scinder ces aides en deux, soit 50 millions pour les mois de janvier et juin, et 22 millions pour le reste de l’année. Sans attendre le vote du budget par le Parlement, les chefs d’établissements ont été avertis les 30 et 31 janvier, par courriel, qu’il ne restait plus que 10 millions d’euros sur les 50 alloués jusqu’en juin, provoquant un vent de panique dans l’Éducation.
Toutes ces coupes interviennent, qui plus est, dans un contexte particulièrement tendu dans les territoires, où les régions et départements envisagent également de réduire leurs subventions pour la création, comme en Pays de la Loire. Les temps s’annoncent difficiles pour la culture…