Un jour pile après la présentation officielle, à Venise, par son commissaire général, Carlo Ratti, de la 19e Biennale internationale d’architecture de Venise, intitulée « Intelligens. Natural. Artificial. Collective », les architectes du Pavillon français, en l’occurrence un quatuor formé, pour l’occasion, par trois agences parisiennes – Jakob+MacFarlane, Éric Daniel-Lacombe et Martin Duplantier –, ont, à leur tour, exposé, le 12 février, à la Cité de la Mode et du Design, à Paris, leur projet pour cette édition 2025, qu’ils ont baptisé « Vivre avec/Living with ».
Une fois n’est pas coutume, ce ne sera point l’intérieur du Pavillon national qu’ils vont investir – pour cause de travaux de restauration qui débuteront en mars pour une durée de 15 mois –, mais ses abords. Ce « pavillon provisoire » consistera en « un échafaudage qui s’imbrique dans celui qui entoure le chantier de restauration et se poursuivra dans le jardin alentour, à travers le sous-bois à l’Est, en descendant jusqu’au canal, détaille Brendan MacFarlane, l’un des quatre co-commissaires. Toute la scénographie sera réalisée in situ, afin de minimiser l’empreinte carbone. Le sol sera constitué de modules de caillebotis métalliques de 1 m2 qu’on nous prête et qui seront ensuite remis dans le circuit. Les panneaux de bois pour l’exposition seront, eux, recyclés, les échafaudages démontés, tout comme les toiles textiles de la couverture et autres filets qui, eux, ont été loués. Bref, c’est un pavillon zéro déchets. » Voilà pour le contenant.

Le projet pour le Pavillon français de la 19e Biennale internationale d'architecture de Venise. Jakob+MacFarlane - Living with
Quant au contenu : « Notre projet est une réflexion sur les instabilités, explique Dominique Jakob, autre co-commissaire. Le monde change, les modus operandi de notre métier changent et l’on doit s’adapter. Tendre vers le bas carbone, certes, mais aussi ‘’Vivre avec…’’ les changements climatiques, les conflits planétaires, les destructions causées par l’anthropocène. Comment faire, en tant qu’architecte, pour continuer à assurer une idée de l’abri, entre une tempête qui vient de passer et une prochaine qui devrait arriver ? Comment continuer à habiter sur cette planète ? Car nous, on ne veut pas l’abandonner ! »
À la suite d’un appel à projets qui en a rassemblé 275, « nous avons sélectionné 41 projets, auxquels s’ajoutent 3 projets de chacune de nos agences, précise Dominique Jakob, soit un total de 50 projets, moitié nationaux et moitié internationaux, pour lesquels nous avons assuré une parité. »
Sous cette égide du « Vivre avec… », six thématiques seront ainsi explorées : « l’existant » (« Réhabiliter plutôt que démolir ») ; « les proximités » (« Révéler le potentiel transformateur d’une approche ancrée dans le contexte local ») ; « l’abîmé » (« Restaurer, reconstruire et réconcilier après des événements destructeurs ») ; « les vulnérabilités » (« S’adapter aux aléas climatiques et aux milieux difficiles ») ; « la nature et le vivant » (« Reconnaître des écosystèmes comme partenaires essentiels de l’architecture et de l’aménagement ») ; « les intelligences réunies » (« Faire travailler ensemble des experts, des habitants et des technologies pour enrichir le processus de création »). Un cycle de 6 conférences viendra éclairer chacune de ces thématiques.
« 19e Biennale internationale d’architecture de Venise », du 10 mai au 23 novembre 2025, divers lieux, Venise, Italie.