Pourquoi ouvrez-vous ce nouvel espace ?
Bien que la galerie actuelle bénéficie d’un lieu magnifique conçu par Auguste Perret, et inchangé depuis 1947, nous manquons d’espace pour accueillir certaines œuvres, notamment des sculptures et des peintures de grand format. De plus, il est parfois difficile de mettre en relation les artistes que nous soutenons avec l’époque contemporaine, en raison du décor quelque peu ancien. Le nouvel espace représente donc une manière d’entrer dans une autre phase de notre travail. Depuis que nous avons repris la galerie en 2021, nous avons beaucoup réfléchi à la manière de concilier l’histoire très forte de l’enseigne avec les enjeux contemporains. Ouvrir un second lieu au 53 rue de Seine, dans l’ancien emplacement de la galerie Jeanne Bucher, nous permet de proposer une programmation plus étendue, plus libre. Cela nous permet aussi d’accompagner de nouveaux artistes et des successions pour lesquels l’espace de la rue Jacob était trop petit. Ce projet ne vise pas à dupliquer la galerie d’origine, mais à inaugurer un nouveau chapitre, avec sa propre dynamique.
Quelle en sera la programmation ?
Historiquement, la galerie Dina Vierny a toujours évolué entre modernité et contemporanéité. Il est souvent oublié qu’elle a été le lieu de la première grande exposition de Serge Poliakoff en 1951, quelques années après une exposition d’Auguste Rodin. Ce nouvel espace nous offre l’opportunité de renouer avec cet esprit d’ouverture, de mélange des époques et des styles. Nous pourrons y présenter des œuvres de plus grande envergure, concevoir des expositions plus vastes comme la rétrospective Judit Reigl, avec laquelle nous ouvrons, et accueillir des artistes vivants, tout en continuant à défendre les grands noms du XXe siècle. Ce projet nous permet également d’affirmer un regard plus personnel, de poser des choix et de tracer une ligne qui nous est propre, tout en prolongeant ce que représente la galerie.
La rue de Seine reste-t-elle incontournable ?
Force est de constater que Saint-Germain-des-Prés est l’un des endroits au monde où la concentration de galeries au kilomètre carré est parmi les plus élevées, et que la rue de Seine en constitue le centre névralgique. Il est évident qu’il s’y passe quelque chose de fort, bien plus que rue Jacob, où nous sommes désormais un peu isolés depuis le départ des antiquaires. La rue de Seine dégage une véritable énergie, notamment autour de l’angle avec la rue Jacques-Callot, où l’on trouve plusieurs marchands de renommée internationale dans leur domaine. Ces grandes maisons attirent les importants collectionneurs, qui peuvent aisément passer d’une galerie à l’autre : cela crée une circulation dynamique et stimulante. Un ami de la famille nous a un jour donné trois conseils pour choisir un bon emplacement : « le lieu, le lieu, et le lieu ». Les mois à venir nous diront si nous avons eu raison de l’écouter.