Quelles sont, à vos yeux, les perspectives pour cette 41e édition, après l’édition anniversaire célébrée l’année dernière ?
Après l’édition anniversaire de 2024, où nous avions largement évoqué l’histoire d’Art Brussels (avec le patchwork photographique « Memory Lane »), nous mettons cette fois l’accent sur une expérience renouvelée de notre événement, d’abord pour nos visiteurs, mais aussi pour nos participants. En plus de présenter plus de 800 artistes, la Foire dévoile des projets artistiques qui enrichissent son programme et mettent en lumière toutes les formes de l’art contemporain.
D’après votre programme, vous souhaitez mieux inscrire la foire dans le contexte artistique bruxellois.
Oui, il me semble essentiel d’établir une nouvelle connexion avec les principaux acteurs culturels de la capitale, de nous retrouver ensemble dans notre communauté artistique, bref de faire aussi vivre la Foire extra-muros. Suite à mes conversations avec de nombreux directeurs d’institutions – comme ceux du WIELS, de Bozar, du KANAL-Centre Pompidou, des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, etc. –, les collaborations avec ces institutions me semblent devenues plus évidentes. J’ai ressenti une réelle réactivité et une véritable volonté de coopération.
De quoi s’agit-il concrètement ?
Je voudrais établir une nouvelle synergie avec eux, et nous allons le faire de manière très concrète et festive avec Bozar (conjointement à leur nocturne multidisciplinaire du 24 avril 2025). Une collaboration d’un autre ordre est en train de s’établir par le biais de notre ancien prix Discovery qui se mue en Discovery Acquisition Prize. Il vise désormais à soutenir les collections des musées. Plutôt que de récompenser la galerie présentant le meilleur stand dans la section Discovery, il prend désormais la forme d’un budget d’acquisition accru, en passant de 5 000 à 10 000 euros, montant destiné à l’achat d’une œuvre pour une collection muséale. Pour cette année, l’institution sélectionnée est les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Ce nouveau format renforce l’impact du prix en offrant une reconnaissance significative et un soutien concret à l’artiste, à la galerie et au musée.

Art Brussels 2024. Courtesy Art Brussels. Photo David Plas
Et quels seront les changements perceptibles par les visiteurs sur la Foire ?
Quant à l’expérience du visiteur, il sera accueilli par une installation spécifique in situ qui repense l’entrée de la foire. À travers l’utilisation de rideaux, Céline Condorelli (galerie Vera Cortês, Lisbonne) imagine qu’entrer dans une foire s’apparente à l’expérience d’arriver sur une scène théâtrale. Ces rideaux symbolisent ce moment de transition entre « l’arrivée » sur les lieux et « l’entrée » sur la scène de la foire proprement dite. D’autres moments privilégiés seront proposés aux visiteurs, comme « The Screen », une nouvelle plateforme de six projections vidéo. Chaque œuvre retenue bénéficiera d’un créneau d’une heure à la Tribune de la foire, assurant une visibilité maximale auprès des visiteurs. Avec deux projections par jour, « The Screen » établit un espace dédié à l’art vidéo, enrichissant ainsi l’expérience des visiteurs et mettant en lumière l’importance de ce médium dans la pratique artistique contemporaine. Dans le même ordre d’idées, des performances de courtes durées seront conçues spécialement pour le contexte d’une foire. Les spectateurs pourront y être impliqués s’ils le désirent, de façon à expérimenter l’art au-delà du visuel dans une lente déambulation dans les allées. Dans un autre cycle de performances, ce seront les différents rôles et positions des acteurs de l’art qui seront interrogés. Nous renouvelons aussi l’initiative de l’exposition de sculptures extérieures sur le parvis du Palais 5, mais cette fois certaines prendront également place à des emplacements stratégiques à l’intérieur de la foire, comme nous le faisons – manifestement avec succès pour les galeries, comme pour le public – à Art Antwerp.
Pensez-vous que le contexte géopolitique international, pour le moins chahuté actuellement, pourrait avoir des conséquences sur le chiffre d’affaires des exposants ?
J’avais eu des craintes au moment d’Art Antwerp en décembre dernier, mais ce fut un grand et surprenant succès commercial. Les ventes étaient au rendez-vous et cela a boosté la renommée de la Foire auprès des professionnels. J’espère que cela sera la même chose pour Bruxelles. Le marché est certes difficile, mais nous voulons tout mettre en place pour que l’événement fonctionne. Nous souhaitons que les gens se sentent à l’aise, qu’ils passent un très bon moment chez nous. Les galeries viennent avec de nombreuses idées. Nous les accompagnons, de façon à dégager une énergie positive pour susciter l’intérêt des visiteurs et leur proposer la meilleure expérience possible dès leur entrée à la Foire.
L’administration de Donald Trump a sévèrement relevé ses droits de douane depuis le début du mois d’avril, tout en décrétant un moratoire de 90 jours. Même si les œuvres d’art semblent, pour le moment, échapper à cette augmentation des droits de douane, craignez-vous des conséquences de ces effets d’annonce sur l’aspect commercial de la Foire ?
Nous suivons évidemment la situation, mais ce n’est quand même pas très agréable. Tout le monde est en attente d’ici ces 90 jours. Est-ce que nos gouvernements européens pourront faire quelque chose ? Nous n’en savons rien. De toute façon, le contexte n’est bon pour personne, ni pour les artistes, ni pour les galeries, ni pour les collectionneurs. Nous devons néanmoins rester calmes et positifs et surtout ne pas paniquer. Je remarque quand même que l’enthousiasme est de mise pour notre Foire par rapport à l’ambiance générale, de ce que nous pouvons entendre ou lire dans les médias. Pour nous, en comparant avec l’année dernière, tous les indicateurs sont au vert, qu’il s’agisse des inscriptions au programme VIP ou des nuitées. Nous espérons dès lors que les collectionneurs achèteront.
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Art Brussels, 24-27 avril 2025, Brussels Expo, Palais 5, place de la Belgique 1, 1020 Bruxelles, Belgique.