Conçue par Jeff Koons pour commémorer les victimes des attentats de la nuit du 13 novembre 2015, la sculpture monumentale Bouquet of Tulips est un geste de solidarité à l’image de son créateur, à savoir, pas plus modeste qu’il n’est discret. Mesurant 11,66 m de haut, 8,30 m de large et 10,1 m de profondeur (soit près de 33 t), ce bouquet de tulipes gonflables aux teintes acidulées devrait occuper le sol de l’esplanade partagée par le musée d’Art moderne et le Palais de Tokyo. Un pari flamboyant qui symbolise « l’énergie légère et la gaîté », selon le roi du kitsch. Or, de nombreuses personnalités du monde de l’art s'opposent, reprochant entre autres à l’artiste la « laideur de la statue » et le choix de son emplacement, qui ferait obstacle à la vue jusqu’alors dégagée sur la tour Eiffel – en plus de n’entretenir aucun rapport avec les lieux où s’étaient produites les attaques. À cette série de reproches s’en greffe un dernier : celui du coût élevé de la production de l’œuvre (estimé à 3 millions d’euros), qui n’a pas été pris en charge par le plasticien. Cette inconséquence, qui vient contrer son statut de « cadeau », a été relevée à plusieurs reprises par les internautes et les médias.
Trois pétitions contre la statue ont été lancées par des acteurs du milieu artistique : la première par Françoise Monnin (rédactrice en chef d’Artension), la deuxième par Stéphane Corréard (directeur de la foire « Galeristes ») et la troisième par Espace 35 (une association loi 1901 rassemblant des peintres ayant pour objectifs « ayant pour objectifs de favoriser un climat d’émulation par le dialogue des rencontres, la confrontation des approches individuelles et la lutte contre l’isolement des peintres »). Destinée à la maire de Paris Anne Hidalgo, cette dernière instance (publiée le 5 décembre 2016) rassemble à ce jour près de 3 000 signatures et espère en obtenir 7 000 de plus pour freiner la mise en place du projet.
Malgré ces initiatives, le projet est déjà à un stade (probablement trop) avancé. Le 23 octobre dernier, Jérôme Noirmont, ancien galeriste chargé de la production de la sculpture, annonçait à Télérama qu’elle était prête et qu’elle n’attendait plus « qu’à être posée », une fois que le feu vert d’Anne Hidalgo aurait été obtenu.