Depuis 2017, a ppr oche s’attache à mettre en avant les pratiques expérimentales de la photographie contemporaine à travers un salon à taille humaine et construit autour d’un projet curatorial. Dès sa création, sa cofondatrice Emilia Genuardi a mis un point d’honneur à inviter des artistes n’ayant pas de galerie. Ils représentent à ses yeux une part essentielle de la scène contemporaine et en incarnent le futur. Leur participation au salon a permis à beaucoup d’entre eux de rejoindre une enseigne.
Désireuse de développer cette idée, Emilia Genuardi a imaginé un modèle inédit, construit autour de la relation artiste-collectionneur et basé sur un nouveau mode de mécénat participatif. « Au lieu de simplement acheter une pièce, j’ai proposé aux collectionneurs d’offrir à ces artistes non représentés une visibilité sur le marché en finançant leur participation au salon a ppr oche, et ce en échange d’une pièce de leur main », déclare-t-elle.
Placés au cœur du projet, les collectionneurs « ont pris ce rôle très à cœur », remarque son instigatrice. Ces derniers sont pour la plupart très actifs sur la scène contemporaine. On retrouve parmi eux Agnès b., Frédéric de Goldschmidt, l’association Françoise pour l’œuvre contemporaine, menée par Estelle Francès, ou encore Frédéric Lorin créateur en 2020 de CulturFoundry.
Quatorze duos artiste-collectionneur sont ainsi accueillis dans l’hôtel particulier Le Molière, dans le 1er arrondissement de Paris. L’occasion de découvrir des expérimentations allant de pratiques déjà bien enracinées dans l’histoire de l’art, tels que les collages de Barbara Breitenfellner, à d’autres en prise avec les nouvelles technologies, remarquablement incarnées ici par les feedback loop de David Fathi. Partant à l’origine d’une œuvre de Marcel Duchamp, ce dernier alimente un algorithme avec des images générées antérieurement par ce même algorithme, testant ainsi les limites de l’intelligence artificielle et ironisant sur la culture qui, par ses autoréférences, finit par tourner en rond.
Plus loin, la photographie se mêle à d’autres techniques. Dana Cojbuc prolonge au fusain ses portraits saisissants de la nature norvégienne. Lara Tabet invoque les sciences lorsqu’elle fait interagir la matière photographique à des bactéries. La Française d’origine arménienne Lucie Khahoutian insère quant à elle ses photographies dans des installations singulières, imprégnées du folklore de son pays natal. Elle confronte sa tradition aux esthétiques contemporaines afin d’explorer la relation Occident-Orient et soulever des questions d’identité, d’origine et de (double) culture. La porosité de ces œuvres incarne l’ambition d’Emilia Genuardi de réunir art contemporain et photographie, deux mondes qui, souligne-t-elle, se côtoyaient peu il y a encore quelques années.
Avec cette première édition réussie, unRepresented propose une alternative originale et prometteuse aux formats proposés par les foires traditionnelles.
unRepresented by a ppr oc he, jusqu’au 2 avril 2023, Le Molière, 40 rue de Richelieu, 75001 Paris