Cinq artistes canadiens, représentant les différentes provinces de ce vaste pays, ont appris le 12 juin 2023 qu'ils s'étaient enrichis d'au moins 25 000 dollars canadiens (environ 17 500 euros), et qu'une somme encore plus importante pourrait leur être versée à l'automne. Les cinq artistes étaient en lice pour le prestigieux Sobey Art Award, dont le montant total s'élève à 400 000 dollars canadiens (environ 279 000 euros), soit l'une des récompenses les plus importantes décernée à des artistes. Le ou la lauréat(e), qui empochera 100 000 dollars canadiens (environ 70 000 euros), sera annoncé(e) lors d'un gala qui se tiendra le 18 novembre prochain au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), à Ottawa.
Les cinq finalistes sont issus d'une longue liste de 25 artistes, dévoilée fin avril. Les 20 créateurs qui n'ont pas été retenus reçoivent chacun 10 000 dollars canadiens (environ 7 000 euros). Les cinq candidats restants sont Séamus Gallagher (qui représente le Canada atlantique), Anahita Norouzi (du Québec), Michèle Pearson Clarke (de l'Ontario), Kablusiak (qui représente les Prairies et le Nord) et Gabrielle L'Hirondelle Hill (qui représente la côte ouest et le Yukon).
« Chaque année, il est toujours très excitant de voir des personnes dont j'admire le travail, ainsi que des amis et collègues, mis en lumière par ce prix », a déclaré Séamus Gallagher. « Il est particulièrement gratifiant de rejoindre le groupe talentueux d'anciens lauréats du prix Sobey qui réalisent des œuvres importantes et soutiennent leurs communautés artistiques à travers le pays », a ajouté Michèle Pearson Clarke. Anahita Nozouri considère, quant à elle, que cette nomination « est une reconnaissance après des années de travail acharné et [lui] donne la motivation nécessaire pour poursuivre [ses] recherches actuelles ».
Les œuvres des cinq nominés seront exposées au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) du 13 octobre 2023 au début du mois de mars 2024. « Année après année, nous sommes stupéfaits par le niveau d'excellence des artistes contemporains de tout le pays », a salué Bernard Doucet, directeur général de la Fondation des arts Sobey.
En nommant les finalistes, Jonathan Shaughnessy, directeur des initiatives de conservation du MBAC et président du jury du prix Sobey 2023, a déclaré : « L'étendue des pratiques cette année illustre la richesse multiforme et la force du talent artistique contemporain dans ce pays. De la liste longue à la liste courte, chacun des artistes sélectionnés mérite une reconnaissance nationale et internationale. » Et d’ajouter : « Le travail des cinq finalistes présente des points de vue sur de nombreux sujets urgents de notre époque, notamment les solidarités et la représentation 2SLGBTQ+, ainsi que des questions critiques concernant l'expérience diasporique et l'identité canadienne. »
Séamus Gallagher, originaire de Moncton, au Nouveau-Brunswick, mais résidant actuellement à Kjipuktuk/Halifax, en Nouvelle-Écosse, est un artiste travaillant l’image, qui insuffle une esthétique queer à l'autoportrait, aux moteurs de jeux vidéo et à la construction de décors. Il entamera à l'automne un programme de Master of Fine Arts (MFA) à l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh.
Anahita Norouzi, originaire de Téhéran mais installée à Montréal depuis 2018, est une artiste multidisciplinaire qui travaille avec un large éventail de matériaux et de médias, notamment la sculpture, l'installation, la photographie et la vidéo. Ses créations empruntent régulièrement aux récits et héritages de la recherche archéologique et botanique.
Michèle Pearson Clarke, d'origine trinidadienne et résidant aujourd'hui à Toronto, est une artiste et une éducatrice utilisant la photographie, la vidéo et l'installation. Son travail se concentre sur les expériences de deuil et de perte dans les communautés noires et queer, et sur les possibilités de connexion et de solidarité qui en résultent.
Kablusiak, né à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, a grandi à Edmonton, en Alberta, et vit actuellement à Calgary. Artiste et conservateur inuvialuk multidisciplinaire, il s’intéresse à divers supports et médias, de la photographie, la vidéo, à la sculpture en pierre de savon, le feutre, la peinture acrylique… Son travail questionne la notion de lien et d'aliénation au sein de la diaspora inuite, ainsi que l'impact continu du colonialisme sur la santé et la sexualité des communautés indigènes.
Gabrielle L'Hirondelle Hill, artiste et écrivaine métisse née à Comox, en Colombie-Britannique, vit actuellement sur les territoires non cédés des peuples Sḵwx̱wú7mesh, Musqueam et Tsleil-Waututh à Vancouver. Ses sculptures, qui intègrent souvent des textiles et des matériaux trouvés, abordent les questions de propriété et d'appartenance.
Les Prairies et le Nord du Canada ont le vent en poupe : la lauréate du prix Sobey l'année dernière, Divya Mehra, et celle de 2021, Laakkuluk Williamson Bathory, étaient toutes deux originaires de cette région. Cette dernière s'est distinguée par le fait que son œuvre comprenait la peau d'un ours polaire qu'elle avait abattu. Historiquement, les artistes représentant l'Ontario et le Québec se taillent la part du lion dans les prix Sobey, avec cinq victoires chacun. En 2020, en pleine crise sanitaire, les 25 artistes sélectionnés ont tous reçu 25 000 dollars canadiens (environ 17 500 euros).