Première Foire du calendrier en Europe, la Brafa « lance les festivités en début d’année », résume le marchand Didier Claes, vice-président de l’événement bruxellois. Désormais installée à Brussels Expo, site historique en lisière de la capitale, elle fêtera sa 70e édition… en 2025. De saison en saison, son succès ne se dément pas, avec près de 70 000 visiteurs chaque année. Fréquentée tant par un public averti que par les décorateurs, elle l’est aussi par un public plus large en quête du « coup de cœur », principalement en provenance du Benelux mais également de France. Un public qui, tout comme les galeristes, en apprécie la convivialité, l’élégance ainsi que l’éclectisme : les 132 marchands, originaires de 14 pays, représentent une myriade de domaines, de l’Antiquité à l’art contemporain. Parmi les 18 nouveaux exposants figurent en effet : Nicolás Cortés Gallery (Espagne) pour la sculpture et la peinture européenne du XVe au XXe siècle; Heutink Ikonen (Pays-Bas) apporte des icônes anciennes; Mearini Fine Art et Romigioli Antichità (Italie) viennent en spécialistes de la Haute Époque; ou encore Secher Fine Art & Design (Danemark), spécialiste du mouvement CoBrA.
En voisine, la France amène un contingent substantiel non seulement de visiteurs mais aussi d’exposants. En effet, 39 sont Français. Parmi eux, 7 participent pour la première fois au plus important Salon d’art et d’antiquités de Belgique. Christophe Gaillard, qui a ouvert récemment un espace à Bruxelles, donne une touche d’art contemporain. Hadjer défend la tapisserie, tandis que Kaléidoscope représente l’art moderne et Marc Maison les éléments d’architecture du XIXe siècle, une période qui est également la spécialité de Tobogan Antiques, mais pour les arts décoratifs. Stéphane Renard Fine Arts renforce, pour sa part, l’art ancien. Enfin, la galerie Segoura Fine Art s’est spécialisée depuis longtemps dans les tableaux et objets d’art datant du XVIIIe au XXe siècle. Signe que la Brafa reste une valeur sûre, nombre d’enseignes françaises lui sont fidèles, telles que AB & BA, Ary Jan, Bailly Gallery, Hélène Bailly, F. Baulme Fine Arts, Berès, Nicolas Bourriaud, Christophe Hioco, Brame & Lorenceau, Bertrand de Lavergne, Mathivet, la Galerie des Modernes, la Galerie de la Présidence, Taménaga, Dina Vierny…
UNE VIGILANCE ACCRUE
Malgré la concurrence de FAB Paris, qui, de septembre, a migré en novembre, soit deux mois avant la Brafa, la Foire belge maintient une offre étoffée. Après des turbulences dues à des méthodes peu amènes des services du fisc belge désireux d’appliquer la législation européenne de l’AML (Anti Money Laundering), plusieurs marchands qui avaient passé leur tour en 2023 ont décidé de revenir dans deux spécialités sensibles : l’archéologie et les arts premiers. C’est le cas des galeries parisiennes Kevorkian (arts anciens de l’Islam et de l’Orient) et Flak (arts d’Afrique et d’Amérique du Nord). « Les rapports avec l’Administration se sont améliorés. Il n’y a eu aucune condamnation à ce jour », souligne Didier Claes. Toutefois, « le renforcement des enquêtes sur les provenances illicites a fait fuir les marchands d’archéologie, parfois choqués par les méthodes », admet-il. En revanche, le secteur des arts premiers reprend des couleurs.
« Le problème pour les arts d’Afrique, ce sont les restitutions. Or, cela ne touche pas le domaine privé, protégé de différentes manières. Les marchands doivent cependant faire preuve de déontologie et retirer un objet de la vente s’il y a un soupçon qu’il provienne de prises de guerre, ce qui concerne surtout les pièces dans les musées. Le monde change, et la Brafa se doit d’avoir une vigilance accrue, notamment grâce à son équipe de vetting », poursuit Didier Claes. Parmi les points forts de la Foire, les arts premiers sont donc dignement représentés cette année, avec la participation des Bruxellois Claes Gallery et Serge Schoffel, du Barcelonais Montagut, du Parisien Flak et des Milanais Dalton Somaré. Enfin, l’édition 2024 prend une tonalité surréaliste, grâce à son invité d’honneur, la Fondation Paul Delvaux. Un espace lui est dédié, lequel accueille une exposition retraçant la carrière de l’artiste belge, tandis qu’en 2024 l’on célèbre les 100 ans du surréalisme. La femme – et ses mystères – y occupe la place centrale !
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Brafa Art Fair, 28 janvier - 4 février 2024, Brussels Expo, halls 3 et 4, place de Belgique 1, 1020 Bruxelles, Belgique.