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Malhoun
Critique

Malhoun : un lieu de collaborations entre artisans et artistes

Situé au cœur du quartier de Guéliz, à Marrakech, Malhoun, fondé par l’artiste Éric Van Hove, a l’ambition d’être un espace d’échanges pour décloisonner savoirs et pratiques.

Olivier Rachet
26 juin 2024
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Shinya Kobayashi, Satoyamart, 2024, papier washi, cèdre japonais, sciure de bois, laiton, Shinsha (pigment rouge), colle de riz et Kakishibu (tanin polymère issu du jus de kaki). Photo Mujun

Shinya Kobayashi, Satoyamart, 2024, papier washi, cèdre japonais, sciure de bois, laiton, Shinsha (pigment rouge), colle de riz et Kakishibu (tanin polymère issu du jus de kaki). Photo Mujun

Pour la deuxième année consécutive et à l’occasion de la Foire 1-54, à Marrakech, Malhoun a ouvert ses portes en février 2024 pour présenter plusieurs expositions évolutives, qui seront visibles toute l’année. Installé dans un ancien bâtiment des années 1950 en cours de rénovation, ce lieu créé par l’artiste belge Éric Van Hove (né en 1975 à Guelma, en Algérie, et établi à Marrakech depuis une dizaine d’années) s’élève sur plusieurs étages, lesquels offrent des espaces abritant aussi bien des expositions, des rencontres, des ateliers, des projections que des résidences d’artistes. « Malhoun est une plateforme de proximité quotidienne, explique son fondateur. Nous sommes ici dans une oasis urbaine comme on en voit peu, un endroit où se poser, à la jonction des différentes activités de l’urbanité. Si ce chantier est une menace pour certains, pour nous, artisans et artistes, c’est un mode de vie. »

La Genèse

Il faut remonter dix ans en arrière pour comprendre la portée d’un tel projet, à rebours des injonctions du marché et d’un cloisonnement des pratiques inopérantes dans le contexte marocain. Tout débute en 2013 à l’occasion d’une résidence à Dar Al-Ma’Mûn au cours de laquelle Éric Van Hove construit, à partir de matériaux locaux, V12 Laraki, une réplique d’un moteur de Mercedes-Benz V12, en collaboration avec cinquante-sept maîtres artisans.

S’ensuit la création en 2014 de l’atelier Fenduq, contraction des mots arabes fen (art) et funduq (entrepôt commercial, poste de traite), toujours dans la région de Marrakech. Y sont salariés quarante-deux maâlems (maîtres artisans) auxquels sont offertes une couverture sociale et l’opportunité de collaborer avec des artistes contemporains tels que Younès Rahmoun, Yto Barrada ou Laila Hida. « Ce qui m’intéresse au Maroc, ajoute Éric Van Hove, c’est que la séparation des champs tels l’art, l’artisanat ou le design ne fait pas partie de l’histoire locale. » La réalisation phare de Fenduq reste à ce jour The Mahjouba Initiative, une moto électrique entièrement fabriquée à partir de matériaux recyclables (cuivre, bois, aluminium ou acier) qui a sollicité le savoir-faire de plusieurs artisans : du sculpteur sur bois Abdelkader Hamidouche, dit « Dragon », au ferronnier Kamal Aabila, en passant par le spécialiste de la découpe technique Abdelaali Arib.

En compagnie de Samya Abid, directrice de l’atelier et cofondatrice de Malhoun, Éric Van Hove travaille à la conception d’un cinquième prototype dont on imagine que des pièces détachées seront montrées au public lors de prochaines expositions. « Je suis toujours en quête d’une œuvre totale », explique l’artiste, dans le sens de « faire en sorte que l’idée se communique à son environnement, de pouvoir libérer l’art pour qu’il rejoigne l’entièreté de la réalité ». De collaborations avec des artistes contemporains découlent des œuvres visibles dans l’exposition « H’dith o Mghezel » : des pièces textiles de Khadija El Abyad, des dessins de Nassim Azarzar ainsi que des sculptures en bois ou en cuivre de Nabil Himich ou de M’barek Bouhchichi. « Il est intéressant de réfléchir aujourd’hui à des formes d’horizontalité et de collectivité avec ce que l’on a : la main, la pince, les murs, soutient ce dernier. Il y a dans le modèle Malhoun une idée de rêverie et de construction fructueuse pour la scène locale grâce à toutes les possibilités de transmission générationnelle. C’est aussi une manière d’apprendre et de réapprendre ce qui est de l’ordre du réel et nous invite à ne pas oublier le contexte dans lequel on se trouve. »

« Ce qui m’intéresse au Maroc, c’est que la séparation des champs tels l’art, l’artisanat ou le design ne fait pas partie de l’histoire locale. »

Installation d’une œuvre de Younès Rahmoun, Malhoun, Marrakech,2024. Photo Jan Bensliman

La programmation

Pour l’heure, plusieurs projets collaboratifs, incluant principalement le design et l’architecture, animent Malhoun. Dans la région d’Al Haouz, encore marquée par le séisme de septembre 2023, Éric Van Hove convie des architectes japonais maîtrisant les nombreuses techniques ancestrales de reconstruction d’habitations vernaculaires, le Japon étant un pays connu pour ses risques sismiques. L’association casablancaise MAMMA (Mémoire des architectes modernes marocains) organise un ensemble d’ateliers sur cette problématique de la reconstruction. Une exposition temporaire sur l’architecture moderniste du quartier de Guéliz, conçue par l’architecte urbaniste Fayçal Tiaïba avec la participation des étudiants de l’École nationale d’architecture de Marrakech, incite à prendre conscience qu’il faut sauvegarder ce patrimoine souvent laissé à l’abandon. Le designer japonais Shinya Kobayashi, à l’origine de la structure Mujun, qui rassemble différents corps de métiers artisanaux à l’instar de Fenduq, propose de son côté des œuvres textiles confectionnées avec des artisans locaux. Après une trêve estivale, la programmation reprendra en septembre.

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« H’dith o Mghezel », 15 février - 21 décembre 2024, Malhoun, 175, rue Mohammed el Beqal, 40000 Marrakech ; fenduq.com

MalhounÉric Van HoveM’barek BouhchichiMarrakech1-54 MarrakechMaroc
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