Qu’est-ce qui fait la singularité du salon Art-o-rama dans le paysage des foires en France et en Europe ?
La première singularité d’Art-o-rama dans le paysage des foires françaises est déjà de ne pas être à Paris mais en région, tout en ayant une résonance nationale et internationale. Cela tient à son identité et à son contexte bien sûr, être à la Friche la Belle de Mai, à Marseille. Sa singularité tient aussi dans la relation aux galeries et l’attention particulière portée aux projets curatoriaux de chaque exposant. Nous poussons cette attention jusqu’à faire des stands sur-mesure en fonction des demandes. Cela tout en gardant des coûts de participation les plus bas possibles.
Près de la moitié des exposants sont de très jeunes galeries créées ces toutes dernières années, voire en 2024. Art-o-rama est-il leur première vitrine, leur première étape ?
Beaucoup de jeunes galeries se saisissent des possibilités d’exposition que nous offrons pour un coût qui leur est accessible. C’est l’une des raisons qui fait que nous sommes une foire de découvertes. Nous accueillons ainsi des collectionneurs et des professionnels qui viennent pour cela. Et les jeunes galeries savent qu’elles pourront ainsi être vues par un public curieux et connaisseur et le rencontrer.
J’ajoute qu’Art-o-ama a été pour beaucoup de galeries, depuis une dizaine d’années, leur, ou l’une de leurs premières foires. Ce sera le cas cette année de la galerie Brigitte Mulholland qui a ouvert à Paris au printemps ou la galerie 243 Luz, de Margate, en Angleterre.
Dans quelle proportion le Salon se renouvelle-t-il cette année ?
Il se renouvelle à plus de 50 %. Les raisons en sont diverses. Cela tient au fait que nous sommes une foire de projets spécifiques, surtout pour la section Galeries. Des enseignes ne reviennent pas toujours d’une année sur l’autre, mais laissent passer un ou deux an(s). Par exemple M. LeBlanc de Chicago était présent en 2022, mais pas en 2023, et revient cette année. Cela tient aussi à notre dimension qui reste intime, avec 70 exposants en moyenne, dont une quarantaine de galeries. Nous ne pouvons pas accueillir tous les projets.
Si Art-o-rama affiche une dimension clairement internationale, avec 15 pays représentés, quelle place est faite à la scène marseillaise et régionale ?
Art-o-rama n’est pas un événement parachuté et a toujours été en lien étroit avec la scène locale. Notre ADN est dans l’articulation entre le local et l’international. Même si, au tout début, nous n’avions pas d’exposant marseillais, nous avons tout de suite invité des artistes du territoire à montrer leur travail à côté des galeries. On sait à quel point, et surtout en dehors des écoles d’art parisiennes, il est difficile pour des diplômés d’être vus et de rencontrer des galeristes et des professionnels. C’est pour cela que nous avons mis en place très tôt le « Showroom », qui présente une sélection d’artistes diplômés d’une école de la région depuis 5 ans maximum. Ces artistes sont sélectionnés par une ou un commissaire d’exposition différent chaque année, qui découvre ainsi les artistes de la région. Nous demandons ensuite aux galeristes de choisir, parmi ces artistes, celle ou celui que nous inviterons l’année suivante et qui devient lauréat du Prix Région Sud. L’artiste a ainsi la possibilité de développer un projet plus ambitieux, sur plus d’espace, avec une bourse de production, une résidence à Moly-Sabata/ Fondation Albert Gleizes à Sablons (Isère) et la publication d’un catalogue. Avec l’ouverture au design contemporain il y a deux ans, nous avons adapté ce prix et mis en place le Prix Région Sud Design, pour montrer là aussi le dynamisme et la qualité des designers qui sont nombreux à être installés à Marseille et aux alentours.
Avec l’augmentation du nombre d’exposants, et l’arrivée de nouvelles galeries à Marseille, nous avons pu en accueillir certaines, comme Nendo, Double V ou cette année SISSI club. Cette nouvelle génération de galeries rayonne depuis Marseille et participe à l’attractivité de la ville en montrant que l’on peut être installé ici et participer à des foires internationales. En plus des galeries, nous accueillons plusieurs acteurs de la région dans la section Édition & design, comme Tchikebe, Atelier Vis-à-vis, le Château La Coste, la designeuse Nathalie Dewez, Marseille Design Méditerranée ou la Fondation Thalie. Nous accueillons aussi des espaces de partenaires, comme les Mécènes du Sud Aix-Marseille ou l’École des Beaux-Arts de Marseille qui présentent les deux lauréats, art et design, du Prix François Bret.
Quelles sont les grandes lignes de la programmation non commerciale de la foire cette année ?
Il est important pour nous de proposer des rencontres, des discussions, autour de la présentation de livres ou de la projection de films. Cette année, nous avons un axe fort autour la question de la visibilité des artistes femmes avec une discussion modérée par Oriane Durand à partir des ouvrages Les Suffragettes de l’art d’Anaïd Demir et Some of Us piloté par Marianne Derrien et Jérôme Cotinet-Alphaize. Cette discussion sera poursuivie par une présentation par Élisa Rigoulet et Anne Bourrassé de Heartline, à la fois plateforme d’accompagnement des artistes et collectifs de travailleuses de l’art indépendantes. Nous aurons aussi une conversation autour de l’héritage de la mytho-archéologiste Marija Gimbutas à partir de la projection de films de Emilija Škarnulytė, avec Flora Fettah, Merilin Talumaa et Juste Kostikovaite. Cette présentation s’inscrit aussi dans le cadre de la saison de la Lituanie en France 2024.
-
Art-o-rama, du 30 août au 1er septembre 2024, Friche la Belle de Mai, 41, rue Jobin, 13004 Marseille.