« C’est une espèce de bâtiment différente et particulière, mais qui ne laisse pas d’avoir de l’agréable dans sa bizarre disposition, et qui, à mon avis, mériterait bien sa place dans les livres d’architecture », écrivait au milieu du XVIIe siècle le philosophe et médecin François Bernier lorsqu’il découvrit le mausolée de Mumtâz Mahal, l’épouse favorite de l’empereur Shâh Jahân. En cette première partie du XXIe siècle, l’émerveillement est intact face à ce splendide monument d’une blancheur marmoréenne, plus connu sous le nom de Taj Mahal. Hélas, la surexposition de cette icône du tourisme mondial en ferait presque oublier l’extraordinaire diversité des arts produits sous l’Empire moghol (1526-1857) !
Les éditions Citadelles & Mazenod ont relevé avec brio le défi de présenter, dans un somptueux ouvrage, dans quel contexte socioculturel et économique furent créés ces miniatures d’un extrême raffinement, ces textiles et ces broderies d’une finesse arachnéenne, ces architectures féeriques parées d’incrustations précieuses. En outre, le lecteur s’étonnera peut-être de découvrir combien les femmes de la maison moghole jouèrent un rôle de premier plan dans le domaine politique et encouragèrent, par leur mécénat actif, cet art de cour envié par nombre de leurs contemporains.
Corinne Lefèvre et Jean-Baptiste Clais (dir.), Les Arts moghols, Paris, Citadelles & Mazenod, 2024, relié sous jaquette et coffret illustrés, 552 pages, 580 illustrations couleur, 185 euros.