Le Relief rond en quatre hauteurs de Sophie Taeuber-Arp (1889-1943) s’est envolé jusqu’à 3 millions d’euros chez Christie’s à Paris, ce mardi 8 avril. Estimée entre 1,9 et 2,5 million(s) d’euros, l’œuvre provenait de la collection Lise et Roland Funck-Brentano.
Jamais présenté aux enchères auparavant, ce relief tridimensionnel de 1936 se compose de quatre panneaux distincts, peints à la main, et savamment assemblés. D’un diamètre de 60 cm, il incarne un tournant décisif dans l’évolution du langage formel de l’artiste. Bien que marqué par la rigueur géométrique de ses premières œuvres, ce travail s’oriente progressivement vers un vocabulaire plus organique, flirtant avec des formes biomorphiques. Ce relief, unique en son genre, capture ce moment de transition, où l’on devine l’influence de ces deux registres stylistiques distincts.
L’œuvre provient de la collection de Lise et Roland Funck-Brentano, figures éminentes du barreau parisien. Ce couple, reconnu pour sa brillante carrière d’avocats d’affaires, s’était également illustré comme de grands collectionneurs d’art. Leur collection dispersée aux enchères ce 8 avril chez Christie’s, à Paris, illustre leur goût pour la modernité. L’ensemble, qui a totalisé 6,4 millions d’euros, réunissait des pièces majeures de l’art du XXe siècle, signées entre autres Hans Hartung, Francis Picabia, Alexander Calder, Victor Vasarely ou encore Auguste Herbin.
Cette vente record reflète la réévaluation croissante de l’œuvre de Sophie Taeuber-Arp sur le marché de l’art. Figure centrale mais longtemps marginalisée du mouvement dada, elle participa activement aux activités du Cabaret Voltaire à Zurich avant d’épouser Jean Arp en 1922. Restée trop souvent dans l’ombre de son mari dans l’historiographie du XXe siècle, Sophie Taeuber-Arp connaît aujourd’hui un regain d’attention critique et institutionnelle à la hauteur de sa contribution artistique.