Le geste de la ministre de la Culture n’aura pas suffi à apaiser les revendications des écoles d’art et de design dans un contexte de crise profonde. Le 28 mars 2023, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, Rima Abdul Malak a annoncé une aide d’urgence de 2 millions d’euros pour les 33 écoles supérieures d’art et de design territoriales qui délivrent des diplômes nationaux dont elle a la tutelle. Une réponse jugée très en deçà des besoins réels par les présidentes et présidents des établissements concernés.
« Dans un contexte de mobilisation sans précédent des établissements, des équipes et des étudiant.e.s, nous estimons que cette réponse n’est pas à la hauteur de la crise financière que les écoles traversent. Nous, présidentes et présidents des écoles territoriales, demandons non seulement que ce fonds d’urgence soit proportionné à la situation mais aussi que la dotation annuelle de l’État à chacune de nos écoles soit réévaluée de manière cohérente et conséquente », déclare l'Association nationale des écoles supérieures d'art et de design publiques (ANdÉA) dans un communiqué, diffusé le 4 avril 2023.
Considéré comme une « première étape », le montant annoncé « ne répond pas à l’urgence extrême dans laquelle les écoles d’art et de design sont plongées », poursuit le communiqué. La question centrale, posée depuis septembre 2022 à la ministre de la Culture, reste non résolue : comment éviter les déficits budgétaires en 2023, qui s’aggraveront en 2024 ? La délégation demande que le fonds d’urgence « soit abondé d’une enveloppe permettant de faire face à l’augmentation du point d’indice, à la crise énergétique et à l’inflation », pointant que « les écoles supérieures d’art et de design sont dans l’angle mort des politiques publiques et précisément inconnues des dispositifs d’aide de l’État ».
Autre revendication : que le fonds d’urgence « prenne en charge l’exonération des droits d’inscription des boursier.e.s dès la rentrée 2023-2024 », sans attendre le vote du projet de loi de finances 2024, afin de « corriger une inégalité choquante entre étudiant.e.s, alors que les conditions de vie ne cessent de se dégrader ».
« C’est pourquoi nous appelons une nouvelle fois le ministère de la Culture à revoir sa politique de financement de nos écoles, conclut le communiqué. Nous demandons une augmentation significative des dotations structurelles et une dynamique pour les années à venir afin de permettre à nos établissements de maintenir la qualité de l’enseignement et de la recherche, de continuer à former des artistes et des designers de haut niveau. »
Les présidentes et présidents des écoles territoriales réitèrent leur requête d’être reçus par la ministre de la Culture « dans les plus brefs délais pour discuter de l’avenir des écoles supérieures d’art et de design territoriales ».
Délégation des présidentes et présidents des écoles supérieures d’art et de design territoriales :
Dominique Augey, présidente de l’Esa d’Aix-en-Provence ; Yves Duruflé, président de l’Esä Dunkerque-Tourcoing ; Jean-Patrick Gille, président de l’Esad TALM Tours Angers Le Mans ; Jean-Pierre Laflaquière, président de l’Esa Pays basque Biarritz-Bayonne ; Baptiste Maurin, président du conseil d’administration de l’ebabx, Bordeaux ; Sophie Palant-Le Hégarat, présidente de l’Eesab Brest Lorient Quimper Rennes ; Nathalie Perrin-Gilbert, présidente de l’Ensba Lyon.