Il y avait foule dans les salons du ministère de la Culture au matin du vendredi 12 janvier pour la passation de pouvoir entre Rima Abdul Malak et sa successeure Rachida Dati. L’annonce de la nomination de cette dernière la veille par le Secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a eu l’effet d’une déflagration, personne ne s’attendant au choix de cette proche de Nicolas Sarkozy, peu connue pour sa connaissance du monde de la culture et de ses rouages, et qui semblait consacrer toute son énergie à devenir la prochaine maire de Paris en 2026. C’est sûrement ici que se trouve la clé de son arrivée, Emmanuel Macron lui ayant certainement assuré qu’aucun candidat Renaissance ne viendrait contrarier ses ambitions municipales.
Lors de la passation de pouvoir, Rachida Dati a assumé la surprise suscitée par sa nomination. « Je comprends qu’elle puisse surprendre, cette nomination. Moi, elle ne me surprend pas. Elle répond à un véritable besoin. Le besoin de la France populaire », a-t-elle déclaré dans son discours. « Nous avons en commun d’incarner la diversité culturelle qui fait la richesse de notre société, a dit Rachida Dati en s’adressant à Rima Abdul Malak Nous savons l’importance d’avoir une culture en partage pour se sentir pleinement appartenir à un pays. Grâce à elle, grâce à tous nos prédécesseurs, la Ve République a permis qu’en France la culture ne soit pas un bien comme un autre. Ce que nous appelons l’exception culturelle ». Et de poursuivre : « Alors chacun sait que j’aime me battre. N’ayez pas peur ! Je serai donc toujours là pour défendre cette exception culturelle ». « Ma grande arme est la combativité et je vais la mettre au service de la culture, de ses représentants, de ses professionnels, de ses artistes et des Français qui ont besoin de plus de culture et de plus d’accès à cette culture », a encore affirmé la nouvelle ministre de la Culture.
Auparavant, accueillie sous une salve d’applaudissements, Rima Abdul Malak avait dressé dans son discours d’adieu le bilan de 20 mois Rue de Valois tout en réaffirmant ses convictions. « En acceptant cette magnifique responsabilité que m’avait confiée le président de la République et la Première ministre Élisabeth Borne, je me suis mise au service d’une ambition pour la France à laquelle j’ai cru totalement, ardemment, mais je suis restée libre, libre de mes engagements, libre de mes prises de position, libre dans mon amour pour les artistes », a dit celle qui avait affirmé en décembre 2023 que certaines dispositions de la loi immigration « heurtaient ses convictions ». La ministre sur le départ a rappelé l’ensemble de son action et a émis quelques regrets, notamment celui de ne pas voir les 101 visages de La Relève, les heureux élus étant en cours de sélection. Rima Abdul Malak a achevé son intervention par la lecture du poème Saison des hommes d’Andrée Chedid, d’origine libanaise comme elle. Une manière aussi d’acter que ce monde manque décidément de poésie.