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Critique

Primitivisme littéraire et avant-gardes artistiques

Adapté de sa thèse de doctorat à l’université de Lausanne, Palimpsestes africains de Jehanne Denogent propose une étude fine et documentée de ce topos du début du XXe siècle.

Camille Viéville
24 novembre 2024
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Jehanne Denogent, Palimpsestes africains. Primitivisme littéraire et avant-gardes (1901-1904), Dijon, Les presses du réel, 2024, 336 pages, 28 euros.

Jehanne Denogent, Palimpsestes africains. Primitivisme littéraire et avant-gardes (1901-1904), Dijon, Les presses du réel, 2024, 336 pages, 28 euros.

Dans cet essai fouillé, Jehanne Denogent se concentre sur une période singulière (1901- 1924) de l’histoire des avant-gardes et de la littérature, au cours de laquelle « le thème africain », selon ses mots, occupe une grande place. D’ordinaire, le terme « primitivisme », qui, en raison de son étymologie, repose sur des représentations coloniales allant du plus primitif au plus civilisé, est principalement employé dans le champ de l’histoire de l’art.

« Selon ce récit, véhiculé par de nombreux manuels d’histoire de l’art, ce sont les artistes qui ont fait des artefacts africains des œuvres d’art. »

Il qualifie le penchant de certains artistes modernes pour les arts anciens d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, ainsi que les œuvres qu’ils leur inspirent. Ce terme, utilisé dès cette époque, fait l’objet d’une critique récurrente, quoique peu audible, depuis les années 1980. En effet, en 1984-1985, la grande exposition « “Primitivism" in 20th Century Art : Affinity of the Tribal and the Modern », organisée au Museum of Modern Art, à New York, effaçait tout contexte colonial pour simplement exalter des rapprochements formels entre des œuvres modernistes et des productions venues d’Afrique : « Selon ce récit, véhiculé par de nombreux manuels d’histoire de l’art, remarque Jehanne Denogent, ce sont les artistes qui ont fait des artefacts africains des œuvres d’art. »

Une construction textuelle

L’auteure offre, par-delà l’eurocentrisme, une étude renouvelée et critique du primitivisme. Elle s’intéresse ainsi à la curiosité pour « le référent africain », non pas des artistes d’avant-garde, mais de leurs amis écrivains – Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Carl Einstein, Alfred Jarry, Raymond Roussel, Valentine de Saint-Point, Philippe Soupault ou encore Tristan Tzara. La littérature étant traitée comme un objet social, le mythe du génie individuel est délaissé au profit d’une analyse historique et sociologique permettant de contextualiser l’émergence de cet intérêt, nourri d’imaginaire populaire colonial : « La colonisation a suscité des déplacements matériels, humains et culturels, qui ont bouleversé tous les domaines de la connaissance et de la culture, art comme littérature. » Le « thème africain » devient synonyme d’un retour aux origines, d’une expression brute, entre émerveillement, médiation et ignorance (pour la plupart de ces écrivains) de la réalité africaine. Jehanne Denogent démontre combien, dans la création littéraire francophone, il est une construction textuelle, aux multiples strates, à la manière d’un palimpseste, maintes fois effacé puis recouvert.

Jehanne Denogent, Palimpsestes africains. Primitivisme littéraire et avant-gardes (1901-1904), Dijon, Les presses du réel, 2024, 336 pages, 28 euros.

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