Alors que le contexte international et même national ne s’y prêtait pas vraiment, la Foire s’est contre toute attente déroulée sous les meilleurs auspices. Elle a généré des ventes « conséquentes » pour la majorité des participants et assurément « raisonnables » pour les autres. Les points rouges fusaient sur les listes de prix, bien visibles sur les bureaux, comme une invitation à se déterminer pour les plus indécis. De nombreuses ventes se sont ainsi conclues le dimanche après-midi, suscitant une énergie positive palpable. La manifestation a également enregistré un véritable succès public, sa fréquentation ayant augmenté de 15 % par rapport à l’année dernière pour atteindre plus de 15 600 visiteurs, soit 2 000 de plus qu’en 2023. Le pari lancé en 2021, à la sortie du Covid, de créer une foire en fin de saison se révèle donc visiblement gagnant.
Dès l’entrée, les visiteurs étaient accueillis par deux galeries de référence, Lelong & Co. (Paris) d’une part, et de l’autre Guy Pieters (Knokke), l’un des poids lourds du marché de l’art en Belgique, avec une sélection d’œuvres de choix de James Rosenquist, Yves Klein, Christo, Claudio Parmiggiani, Gilbert & George et deux sculptures de George Segal (affichées aux alentours de 275 000 euros). Les visiteurs ne pouvaient ignorer deux autres stands d’envergure, ceux des galeries anversoises De Zwarte Panter, la plus ancienne enseigne belge en activité, et celle de Maurice Verbaet, qui a consacré tout son vaste espace à la scène anversoise et belge du XXe siècle, avec des solos dédiés à René Guiette, Vic Gentils, Paul Van Hoeydonck, Hugo Claus et Marcel Mariën. Il a aussi proposé un focus sur l’œuvre de Pol Mara, artiste pop du cru qui eut son succès à l’époque et qu’une nouvelle génération commence à redécouvrir.
En effet, malgré la présence de ces figures du XXe siècle, Art Antwerp se profile comme une foire jeune dans tous les sens du terme, jusqu’à ses visiteurs ! C’est ce qui aura frappé de nombreux marchands. « Même pour les galeries anversoises bien établies, la Foire a permis de découvrir un nouveau public. Nous sommes particulièrement heureux de voir de nouvelles relations se former et d’assister à l’émergence de nouveaux collectionneurs », se félicite Nele Verhaeren, la directrice d’Art Antwerp.
Cette émergence n’est évidemment pas sans lien avec les nombreuses (jeunes) galeries qui constituent le paysage anversois comme Base Alpha, Deuss, DMW, GNYP, Hioco Delany, Ibasho, Keteleer, Pedrami, Eva Steynen, valerie_traan, Sofie Van de Velde et Plus-One, même si celle-ci annonce la fin de ses activités dans son format actuel.
Le flux des clients potentiels que ces enseignes attirent rejaillit sur le chiffre d’affaires des galeries étrangères, et plus particulièrement sur celles des Pays-Bas représentés par une quinzaine d’exposants.
Outre un hommage à Albert Baronian pour sa dernière participation à une foire avant la fermeture de sa galerie à la fin de l’année, Art Antwerp instituait pour la première fois un prix du meilleur stand (Best Booth Prize). D’un montant de 2 500 euros, celui-ci a été attribué au stand conjoint des galeries Harlesden High Street (New York, Londres) et Season 4 Episode 6 (Londres). Ils présentaient les travaux d’Alex Farrar et de Benjamin Francis et ont cédé la majeure partie de leur stand dès le premier jour, dont une importante vente institutionnelle.