BEC FIN POUR JEAN SIMÉON CHARDIN CHEZ CHRISTIE’S
Alors que la peinture bénéficiait d’un certificat de libre circulation des biens culturels, c’est finalement un collectionneur européen qui a cédé à la tentation du Melon entamé, (1760), nature morte de Jean Siméon Chardin. Il a dépensé la somme de 26,7 millions d’euros avec les frais – loin de l’estimation qui était de 8 à 12 millions d’euros –, un summum pour l’artiste, détrônant Le Panier de fraises des bois (1761), vendu chez Artcurial en 2022 pour 24,3 millions d’euros et acquis par le musée du Louvre, à Paris. La toile ovale devient ainsi le tableau français du XVIIIe siècle le plus cher au monde vendu aux enchères. Sa double provenance a aussi joué un rôle crucial : la peinture se trouvait dans la collection de la famille Rothschild depuis un siècle et demi et, auparavant, dans celle de la famille Marcille, qui comprenait quelque trente œuvres de Jean Siméon Chardin.
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UN DINOSAURE AU CHÂTEAU
Alors que les squelettes de dinosaures ne rencontrent pas toujours le succès aux enchères, les commissaires-priseurs Olivier Collin du Bocage et Florent Barbarossa ne sont pas tombés sur un os le 16 novembre 2024. Le vénérable (âgé de 150 millions d’années) Apatosaurus– surnommé Vulcain – s’est fort bien vendu pour 6 millions d’euros, dans le décor du château de Dampierre (Yvelines), où le spécimen était exposé. Le fossile d’herbivore mesure plus de 20 mètres de long, pour quelque 300 os, à 80 % d’origine. Trouvé aux États-Unis en 2018, il avait pour vendeurs des Européens. Toujours en 2024, un stégosaure a remporté 44,6 millions de dollars (42,4 millions d’euros) à New York, un apogée.
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NOUVEAU SOMMET POUR UNE COLLECTION D’ARTS PREMIERS
La demande est toujours présente pour les arts premiers quand la qualité et la provenance sont au rendez-vous. En témoignent les 73 millions d’euros, avec les frais, recueillis pour la collection Barbier-Mueller le 6 mars chez Christie’s. Un record mondial dans cette spécialité. Parmi les cent pièces réunies par Josef Mueller puis par Jean Paul et Monique Barbier-Mueller, une tête de reliquaire fang, laquelle a été vendue pour 14,7 millions d’euros, a dominé les enchères, du jamais vu pour un objet d’art africain et océanien. L’ensemble dépasse en valeur les collections Michel Périnet (66 millions d’euros en 2021 chez Christie’s pour 61 lots) et auparavant la légendaire collection Vérité à Drouot en 2006 (44 millions d’euros).
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KAZUO SHIRAGA, DES ENCHÈRES ÉNERGIQUES À DROUOT
Les peintures-performances de Kazuo Shiraga font toujours recette. En juin, Sakuhin, une spectaculaire toile de 1962, est partie pour 1,2 million d’euros à Drouot, sous le marteau du commissaire-priseur Christophe Joron-Derem. L’œuvre date d’une année importante pour le maître du mouvement d’avant-garde japonais Gutai (1954-1972). Avec le soutien du critique Michel Tapié, il expose alors à la galerie Stadler à Paris, hors de son archipel natal. L’huile n’avait pas été vue sur le marché depuis les années 1980.
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JEAN DUBUFFET À VENCE
C’est une plus-value notable en seulement huit ans pour Visiteur au chapeau bleu, ce tableau de Jean Dubuffet mettant en scène sa maison à Vence, la terre et sa texture. Il a été proposé chez Sotheby’s en octobre 2024 pendant la semaine d’Art Basel Paris. Acheté 4,8 millions de livres sterling (5,4 millions d’euros) en 2016 lors de la vente de la collection du marchand londonien Leslie Waddington (ancien associé de Stéphane Custot) chez Christie’s à Londres, il a obtenu 6,8 millions d’euros cet automne.
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REMBRANDT BUGATTI RUGIT CHEZ BONHAMS
Tandis que les plus hautes cimes pour Rembrandt Bugatti, ce sculpteur animalier très recherché, ont longtemps été l’apanage de Sotheby’s ou de Christie’s, c’est chez Bonhams et à Paris qu’un palier a été dépassé. Ces Trois panthères marchant ont atteint 3,6 millions d’euros le 5 juin 2024. C’est près de 1 million d’euros de plus que le record précédent obtenu par Babouin sacré hamadryas parti à 2,7 millions de dollars (2,5 millions d’euros) avec les frais en 2015 chez Sotheby’s à New York.