Le musée Fabre de Montpellier a annoncé la nomination de Juliette Trey au poste de directrice. Elle prendra ses fonctions en mai 2025. La conservatrice en chef du patrimoine devient la première femme à diriger le musée Fabre depuis son ouverture au public en 1828.
Diplômée de l’École du Louvre, où elle enseigne depuis 2022, cette spécialiste du XVIIIe siècle français et d’histoire des collections a été en charge des peintures du XVIIIe siècle et des pastels au musée national du château de Versailles, de 2007 à 2013, avant de rejoindre le département des Arts graphiques au musée du Louvre où elle a été responsable des dessins français du XVIIIe siècle et des œuvres issues de la récupération artistique (REC, dits MNR). Elle dirigeait jusque-là le département des Études et de la recherche à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) – directrice adjointe de 2019 à 2024, elle en a pris la direction par intérim en 2024.
Elle a notamment assuré le co-commissariat, avec Jean-Luc Martinez, de l’exposition inaugurale « D’un Louvre à l’autre, ouvrir un musée pour tous » au Louvre Abu Dhabi en 2017, et organisé des expositions au château Royal de Varsovie, au musée d’Arts de Nantes, ainsi qu’au musée du Louvre, en partenariat avec le Nationalmuseum de Stockholm et le J. Paul Getty Museum à Los Angeles, et au château de Versailles.
« Son énergie, sa grande rigueur scientifique, l'attention qu'elle porte aux enjeux sociaux et écologiques et la grande sensibilité qu'elle exprime en direction de tous les publics ont convaincu le jury que Juliette Trey était la personne idéale pour faire face aux défis qui attendent le musée Fabre ces prochaines années : célébration du bicentenaire, chantier d'extension du musée, réinvention du rapport aux publics, affirmation de la place du musée dans le champ de la recherche et du dialogue entre chercheurs et visiteurs », explique la municipalité dans son communiqué.
Juliette Trey succède à Michel Hilaire, qui prendra sa retraite au mois d’avril 2025. Directeur depuis 1992, il a fait rayonner le musée Fabre pour en faire l’un des tout premiers musées de France. Sous son impulsion, les collections se sont considérablement enrichies. Entre 2004 et 2007, il a piloté le projet de rénovation de l’institution montpelliéraine, mené par les architectes Olivier Brochet et Emmanuel Nebout.
Aux côtés du maire Georges Frêche, il a accompagné la donation de vingt toiles et le dépôt de dix autres, consentis en 2005 par Pierre et Colette Soulages. Le couple était très attaché à la métropole de l’Hérault depuis leur rencontre à l’école des Beaux-Arts de la ville. Pierre Soulages racontait volontiers leurs visites régulières, étudiants, au musée Fabre pour y admirer les chefs-d’œuvre de Courbet.
Les œuvres du peintre de l’« outrenoir », exposées dans l’aile du musée rénové, dont il a supervisé l’accrochage, sont venues encore accroître sa renommée et son attractivité. Évoquant ces salles, Soulages déclarait en 1996 : « Ici, non seulement le reflet est pris en compte, mais il est partie intégrante de l’œuvre : il y intègre la lumière que reçoit la peinture – lumière changeante si c’est la lumière naturelle – et la restitue avec sa couleur transmutée par le noir. »
Michel Hilaire a été à l’initiative d’une programmation ambitieuse : la rétrospective internationale dédiée à Gustave Courbet, en 2008, en partenariat avec le musée d’Orsay et le Metropolitan Museum of Art de New York ; « Corps et ombres : Caravage et le caravagisme en Europe », en partenariat avec le musée des Augustins de Toulouse et le County Museum of Art de Los Angeles, en 2012 ; « Bazille et la jeunesse de l’impressionnisme », en 2016, avec le musée d’Orsay et la National Gallery de Washington ; « Picasso – Donner à voir » dans le cadre de la manifestation « Picasso-Méditerranée », en 2018 ; ou encore, en 2023, « Germaine Richier, une rétrospective », en partenariat avec le Centre Pompidou.