Né le 6 mars 1954 à Toulouse, agrégé de lettres modernes et énarque (sorti 3e de la promotion « Liberté, Égalité, Fraternité » en 1989), Serge Lasvignes a rejoint le Conseil d’État avant d’occuper plusieurs postes au ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ancien secrétaire général du gouvernement de 2006 à 2015, sous trois présidents, le haut fonctionnaire a été nommé en avril 2015 président du Centre Pompidou, poste qu’il a occupé jusqu’en 2021, date de son départ à la retraite. Ce grand commis de l’État est décédé le 15 février, à l’âge de 70 ans, des suites d’une longue maladie.
Sa nomination à la présidence de l’établissement culturel parisien avait été accueillie froidement par le monde de l’art, pointant son manque d’expérience dans le domaine des arts visuels. Le Canard enchaîné avait alors titré « Un rond-de-cuir au musée », rappelle ainsi notre confrère du Monde Harry Bellet. Son bilan n’en reste pas moins dans les mémoires, alors que les hommages de personnalités issues de la sphère politique et culturelle affluent depuis l’annonce de sa disparition.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a salué « un homme engagé pour la culture, l’éducation et la République. [...] Avec énergie et passion, il avait fait du Centre Pompidou un véritable lieu pluridisciplinaire, au cœur des grands débats contemporains, tout en renforçant considérablement le rayonnement de l’institution à l’international. »
« C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de Serge Lasvignes, a déclaré son successeur à la tête du Centre Pompidou, Laurent Le Bon, dans un communiqué. Ce serviteur de l’État exceptionnel, empreint de culture universelle, était un homme visionnaire dont le mandat au Centre Pompidou a été marqué par l’impulsion et la réalisation de projets essentiels pour l’avenir de notre institution. Il fut un président passionné, respecté et apprécié de tous les agents du Centre Pompidou, du Centre Pompidou-Metz, de la Bpi et de l’Ircam. Nous honorerons sa mémoire avec attention. Au nom de toute l’équipe du Centre Pompidou, j’adresse mes plus sincères condoléances à son épouse Martine, sa famille et à ses proches. »
« Grande tristesse, respect infini à Serges Lasvignes, a publié Emma Lavigne, ancienne directrice du Centre Pompidou-Metz, sur Instagram. Pendant près de cinq ans au Centre Pompidou-Metz, j’ai pu mesurer le sens de son engagement pour la culture, son intégrité, sa bienveillance, son humanité, son amour du Centre Pompidou. Sa confiance absolue m’a donné des ailes pour que la création rime avec la liberté. »
L’un des grands projets de Serge Lasvignes fut la réouverture en 2021 de l’entrée de la Bpi sur la Piazza, un geste destiné à favoriser la rencontre et l’enrichissement mutuel des différents publics du Centre, rappelle le Centre Pompidou. Son ancien président a été à l’origine de l’opération « 40 projets en région » en 2017 pour les 40 ans de l’institution. Il a lancé en 2018 le projet du Centre Pompidou Francilien – Fabrique de l’Art / Musée national Picasso-Paris, situé à Massy, un partenariat noué avec la région Île-de-France, le département de l’Essonne, la communauté d’agglomération de Paris-Saclay et la Ville de Massy, avec le soutien de l’État, dont l’ouverture est prévue pour l’automne 2026.
Son mandat a également été marqué par le développement du rayonnement international du Centre Pompidou. En 2019, il a supervisé l’ouverture du Centre Pompidou X West Bund Museum à Shanghai, puis le renouvellement de l’implantation du Centre Pompidou à Málaga pour cinq ans, en 2020. Dans la même dynamique, il a soutenu le projet KANAL − Centre Pompidou à Bruxelles, dont l’ouverture est prévue pour 2026.
Enfin, c’est sous sa présidence que le premier volet des travaux de rénovation du bâtiment historique du Centre Pompidou a été décidé.