Avec Günther Uecker (1930-2025) disparaît l’une des figures du groupe ZERO, créé en 1957 par Otto Piene (1928-2014) et Heinz Mack (né en 1931), à la fois théoricien et animateur de ce collectif international. Günther Uecker avait rejoint les deux fondateurs en 1961, avant la dissolution officielle du groupe en 1967. La lumière et sa dynamique sont au centre de leurs recherches dans le contexte expérimental et contestataire de l’après-guerre, profondément marqué par les atrocités nazies. Le groupe ZERO, né d’une « exposition d’un soir », a d’abord pris la forme d’une revue d’art éponyme.
Né le 13 mars 1930 à Wendorf, un village du nord de l’Allemagne, Günther Uecker est décédé le 10 juin 2025, à l’âge de 95 ans. L’artiste s’était installé à Düsseldorf à partir de 1955, après avoir fui la RDA et vécu un temps à Berlin-Ouest. Il a étudié à l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf, où enseigne alors Joseph Beuys, avec pour condisciple Gerhard Richter. Sa sœur, Rotraut, a épousé Yves Klein en 1962.
Ses reliefs, martelés de clous, de champs ondulants peints en blanc sont devenus sa marque de fabrique, avec pour finalité d’offrir une perception vibratoire de la lumière. Classé dans le courant de l’art cinétique, le travail du groupe ZERO avec la lumière, l’espace et le mouvement l’a rapproché de l’op art, tout en rendant ponctuellement hommage à Lucio Fontana.
En 1970, Günther Uecker a représenté l’Allemagne à la 35e Biennale de Venise avec Thomas Lenk, Heinz Mack et Georg Karl Pfahler. Historique, son travail a été montré lors de trois éditions de la Documenta, à Cassel, en 1964, 1968 et 1977.
Dans un entretien accordé à The Art Newspaper en 2021, il nous avait déclaré vouloir « rendre le spirituel visible à travers la peinture », se remémorant sa première rencontre avec l’œuvre de Vassily Kandinsky, qui l’avait bouleversé. Imprégné de philosophie orientale, il confessait avoir évolué : « depuis le labeur répétitif exprimé par le groupe ZERO, après la guerre, jusqu’à une forme de manifestation jubilatoire dans la jouissance de la pure présence ». Aux « jeunes artistes dotés de talent », il recommandait de « puiser à la source du Dasein (éternelle présence), afin d’observer dans leur propre expérience les traits remarquables à inscrire dans la forme visible ».
À propos de leur relation avec l’artiste, les marchands d’art Emilio Steinberger et Dominique Lévy ont déclaré, sur le compte Instagram de la galerie Lévy Gorvy Dayan, qui le représente depuis 2007 : « Nous avons une profonde admiration pour Günther et l’immense héritage qu’il nous laisse, tant pour son impact sur l’histoire de l’art qu’en tant qu’être humain si généreux de cœur et à travers ses idées ».
La galerie rappelle également cette définition de son travail donnée par l’artiste : « Mes objets sont une réalité spatiale, une zone de lumière. J’utilise des moyens mécaniques pour dépasser le geste subjectif, pour objectiver, pour créer une situation de liberté ».